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La Boissière-Ecole, le village qui pense un monde durable

Le village de la Boissière-Ecole dans le Parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse dans les Yvelines / © Nicolas DUPREY - CD 78
Le village de la Boissière-Ecole en lisière du Parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse dans les Yvelines / © Nicolas DUPREY – CD 78

Situé en lisière du Parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse dans les Yvelines, le village de la Boissière-Ecole fait partie des hauts lieux de la transition dont l'Institut Paris Region dresse l'inventaire depuis cinq ans en Île-de-France. Enlarge your Paris s'y est rendu.

L’innovation n’est pas l’apanage des villes. Depuis cinq ans, l’urbaniste de l’Institut Paris Region Nicolas Laruelle sillonne l’Île-de-France à vélo pour recenser les initiatives locales qui préfigurent les nouvelles façons de vivre. Il en a tiré une carte des hauts lieux de la transition, des carrés d’un kilomètre de côté qui regroupent chacun au moins trois initiatives remarquables et qui attestent du pouvoir d’action des citoyens. Au total, ce sont une centaine de lieux qui ont été identifiés à Paris et dans une trentaine de villes et de villages, à l’image de la Boissière-École, en lisière du Parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse (Yvelines). « Avec ce projet des hauts lieux de la transition, notre objectif est de montrer qu’il existe déjà de nombreuses solutions à des problèmes liés à la transition écologique, résume le Nicolas Laruelle. En les mettant en lumière, on espère inspirer les gens sur le territoire et même au-delà. » 

Ce qui a attiré Nicolas Laruelle dès 2019 à la Boissière-Ecole, village de 800 habitants, c’est d’abord la ferme de la Tremblaye. Fondée au Moyen Âge, elle a été acquise en 1967 par Jean-Noël Bongrain, à la tête du groupe agroalimentaire Savencia qui fabrique l’un des fromages les plus connus des Français et vendu dans 150 pays : le Caprice des Dieux. L’objectif : concevoir de toutes pièces une ferme exemplaire. Une ferme qui commercialise ses fromages dans sa boutique ouverte sur place depuis l’été 2020 et qui gère sa propre station d’épuration ainsi qu’une unité de méthanisation qui permet de produire de l’énergie à partir des déchets organiques. De quoi chauffer les bâtiments de l’exploitation. À la ferme de la Tremblaye, le credo, c’est aussi l’agroécologie. Les sols ne sont pas labourés et les pesticides ont été définitivement rangés au placard. Une conversion au bio qui s’est faite collectivement. « Ça n’avait pas de sens que l’on se convertisse seuls, ne serait-ce que pour assurer l’alimentation de nos animaux en circuit court. On a donc engagé une conversion commune avec les agriculteurs de la Boissière », explique Pamela Vukovic, responsable qualité de la ferme de la Tremblaye. Une démarche soutenue également par la mairie, qui s’est engagée à supprimer tout pesticide dans le traitement de ses espaces verts et qui défend le recours aux solutions naturelles. Comme par exemple en s’appuyant sur les mésanges, excellents prédateurs pour lutter contre l’invasion des chenilles processionnaires.

Favoriser les initiatives des habitants

Une autre valeur cardinale encouragée par la municipalité est l’implication citoyenne. « Les initiatives personnelles peuvent permettre au village d’opérer sa transition écologique » , affirme la maire Anne-Françoise Gaillot. Lors d’un appel à projets à l’automne 2020, la mairie a notamment accordé une aide de 1.500€ au projet Citoiliens, un système d’entraide local porté par deux jeunes Boissériens. Et quand les services essentiels sont menacés de disparition, les habitants répondent présents. C’est le cas de Sonia, à la tête de l’épicerie Proxi. « Je suis arrivée à la Boissière-École en classe de troisième et j’ai repris l’épicerie quand elle a fermé il y a 20 ans. Depuis, chaque année, j’ajoute des services. » Depuis que la Poste a tiré le rideau, Sonia a donc pris le relais. Elle a également fait de son commerce un lieu de vie où l’on vient comme au café. Une ode à la proximité qui fait écho à Nicolas Laruelle. « L’objectif des hauts lieux de la transition est de faire redécouvrir aux gens ce qui se passe près de chez eux », résume-t-il. Ce qui s’inscrit dans la démarche d’Anne-Françoise Gaillot, qui en plus d’être maire de la Boissière est également présidente de l’office du tourisme de Rambouillet Territoires, avec comme ambition de faire de Rambouillet et de sa région « une destination locale du tourisme durable et responsable ». L’innovation pourrait bien devenir le nouvel hymne de nos campagnes.

Infos pratiques : La carte des hauts lieux de la transition est à retrouver sur institutparisregion.fr

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