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L’avenir du commerce de proximité passe par le vélo cargo

Le FARbike de l'association FAR à vélo à Fontenay-aux-Roses / FAR à vélo
Le FARbike de l’association FARàVélo à Fontenay-aux-Roses est mis à la disposition des commerçants pour leurs livraisons / © FAR à vélo

Et si l'essor de l'économie locale passait par le vélo cargo ? Président de l'association FARàVélo à Fontenay-aux-Roses, Stein van Oosteren en est convaincu depuis un échange avec Philippe Genty, fondateur des Boîtes à Vélo Île-de-France. Il nous dit pourquoi.

Stein van Oosteren, président de FARàVélo

Le crise du Covid-19 a fait naître une nouvelle culture du vélo. On l’observe dans les déplacements domicile/travail mais aussi d’une certaine manière dans l’économie. Depuis le confinement, les commerçants se sont mis en mode click & collect : le client commande par Internet et vient chercher sa commande. D’autres commandes sont livrées par le commerçant lui-même, qui se transforme en livreur pour l’occasion. Problème : cela fait tourner beaucoup de camionnettes en ville, souvent quasi-vides. Et si on passait au vélo cargo ?

Cette idée, l’association FARàVélo à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) l’a proposée à l’association des commerçants et à la Ville. Une subvention de 3.000 euros a été débloquée par la mairie et depuis début avril, le « FARbike » sillonne les rues pour aider les commerçants à livrer leurs commandes. De nombreuses personnes âgées et isolées apprécient particulièrement ce nouveau service. Mais aussi des personnes qui veulent se protéger ou éviter les files d’attente. Ce service vaut mieux qu’un drive, qui génère des déplacements motorisés qui encombrent les rues du centre-ville et dégradent le cadre de vie.

« La livraison à vélo existait déjà à travers les plateformes telles que Uber Eats, Stuart ou Deliveroo, mais sans une vraie culture vélo »

La livraison à vélo existait déjà à travers les plateformes telles que Uber Eats, Stuart ou Deliveroo, mais sans une vraie culture vélo. Car la culture du vélo, c’est avant tout la proximité et le lien social. Ces livreurs issus des grandes plateformes  n’ont en revanche généralement pas d’ancrage local. Ils viennent souvent de loin et s’en vont aussitôt. Leur seule trace est celle que laisse leur GPS sur la toile, mais dans la ville il n’y en a aucune. Dommage, car les habitants sont demandeurs de contact social et de proximité.

C’est l’une des révélations du confinement : les citadins découvrent leur environnement immédiat et se mettent à l’apprécier. Le tourisme de proximité renaît ; nous découvrons à quel point le parc à deux pas de chez soi peut être beau et reposant. En parallèle, une entraide multiforme s’est organisée, comme les « Vélos pour l’hosto » ou « Les Coursiers solidaires ». Comment préserver cette solidarité et cette qualité de vie locale soudainement retrouvées ?

Les entrepreneurs à vélo sont une partie de la réponse. Le cycliste est directement en contact avec les habitants dans la rue, contrairement à la fameuse camionnette blanche qui est une présence anonyme qui ne fait que traverser la ville. A vélo, on peut se dire bonjour. Cela n’a l’air de rien mais ça change tout. Le livreur à vélo qui habite sa ville devient une présence familière, une personne qui fait du bien.

Outre le livreur ou le facteur sur son vélo, on trouve d’autres professions ayant sauté le pas : paysagiste, boulanger, ébéniste, plombier et même déménageur. On les appelle les « boîtes à vélo », c’est-à-dire des entrepreneurs qui ont fait le choix de repenser leur métier autour du vélo. Car ils croient en ces valeurs que nous avons découvertes lors du confinement : le besoin de construire du local, de ne plus polluer, de bouger plus, de retrouver le lien social et la solidarité avec les autres, de changer son rythme de vie aussi.

Le FARbike à Fontenay-aux-Roses / © FAR à vélo
Le FARbike à Fontenay-aux-Roses / © FAR à vélo

« D’une certaine façon, le vélo est un sacré remède contre la mondialisation »

Travailler à vélo, c’est choisir de vivre mieux. On découvre une liberté incroyable, celle de ne plus subir les bouchons et de ne plus produire la pollution que nous respirons. Sans parler des dépenses énormes qu’on évite : la camionnette, le garage et le carburant venu d’Arabie Saoudite. D’une certaine façon, le vélo est un sacré remède contre la mondialisation. Un déstressant puissant aussi. Imaginez qu’on vous offre la certitude de toujours pouvoir vous garer en arrivant, et de toujours savoir à la minute près à quelle heure vous allez arriver. Ce n’est pas magique, c’est le vélo !

Le déconfinement a sonné comme un réveil. Mais ce n’est pas une raison de perdre toutes les valeurs que nous venons de redécouvrir : proximité, solidarité, ralentir. Pour repenser notre façon de vivre, de travailler et de consommer, le vélo est un bon outil. Même pour les commerçants ! Dégourdir vos jambes en vous rendant chez vos clients à vélo est une façon très personnelle de les fidéliser. Votre moyen de vous déplacer deviendra votre publicité, votre charte éthique, votre image innovatrice, dynamique et positive ! Le vélo a 200 ans et n’a jamais paru aussi jeune.

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