Alexandre Missoffe, directeur général de Paris – Île-de-France Capitale Economique
Les entreprises, qui investissent annuellement des montants colossaux pour associer leurs marques au sport savent depuis longtemps quel incroyable vecteur celui-ci constitue. La puissance du sport comme support de communication tient à sa capacité d’expression universelle. Un joaillier, une franchise de bricolage, une banque de détail ou un constructeur automobile peuvent prendre un même sport pour s’adresser à des publics très différents. Pour un horloger le tennis évoquera la précision, pour un constructeur automobile il parlera de puissance, pour un assureur il évoquera le collectif….
Cette capacité à tenir un message universel, à parler à tous et partout, les territoires devraient s’en emparer. Or, si les marques commerciales ont investi le sport, rien de comparable pour le marketing des territoires. Quelques-uns voient bien leur nom associé à une épreuve spécifique (Les 24h du Mans, le Grand Prix de Monaco, le tournoi de Bâle, l’enduro du Touquet…) mais sans qu’aucune métropole n’ait, à ce jour, associé le sport à son image ou se soit imposée comme la Ville du sport.
Or il y a, entre les grandes villes et le sport, comme une correspondance en clair-obscur qui donne un relief particulier. Le sport parle de bien-être et de santé par la pratique personnelle. Il parle d’excellence et d’exigence par les performances des athlètes de haut-niveau, de solidarité et de partage par la convivialité des rencontres, de rayonnement et d’universalisme par l’accueil des grands évènements. Il est spectacle. Il est loisir. Il évoque l’innovation et la ténacité. Il invoque l’inclusion et l’accessibilité.
« La position de ville de référence mondiale pour le sport reste à prendre »
« Santé », « inclusion », « performance », « rayonnement », « loisirs », « innovation », « solidarité », « excellence », « bien-être »… Toutes les métropoles mondiales cherchent à s’imposer sur ces enjeux ! Aucune, pourtant, n’est parvenue jusqu’alors à s’imposer comme la « Ville du sport ». Ni même ne paraît l’avoir véritablement tenté. Certaines métropoles sont devenues des références pour le shopping, le digital, le street art, l’environnement ou la gastronomie. Des villes se sont imposées comme capitale de la finance, des casinos, du commerce maritime, des assurances, de la chaussette ou de l’automobile… Mais la position de ville de référence mondiale pour le sport reste à prendre.
Parmi toutes, le Grand Paris n’est pas la métropole la moins fondée à revendiquer ce titre. Il peut s’appuyer sur des arguments culturels qui vont de Pierre de Coubertin à Kylian Mbappé, et des arguments architecturaux du Stade de France à Molitor, ou de Paris La Défense Arena au Centre aquatique de Saint-Denis. Mais au-delà de ces totems, qu’est-ce qui définit un territoire, une métropole comme « sportive » ? Est-ce le nombre de paniers de basket à l’hectare ? De parcours de golf dans un rayon de 50 km ? Le ratio de licenciés par habitants ? L’audience cumulée de ses grands évènements ? Le retentissement de ses clubs dans les championnats internationaux ? Le taux d’accessibilité des équipements pour la pratique sportive ?
« Une métropole sportive c’est surtout un esprit, une culture qui colore tous les domaines »
Un peu de tout cela bien sûr. Mais tellement plus que la somme de statistiques qui, certes, disent quelque chose mais ne racontent rien. Une métropole sportive c’est surtout un esprit, une culture qui colore tous les domaines. Une certaine idée de ce que le sport peut apporter à la cohésion des territoires, à la performance des entreprises, à la mixité sociale, à l’éducation, à l’accomplissement personnel… Faire du Grand Paris la capitale mondiale du sport supposera de valoriser nos atouts, de mobiliser nos énergies mais aussi de progresser et de s’appliquer à nous-mêmes la discipline des champions pour pousser toujours notre exigence.
C’est à cette course de fond que Paris Capitale Economique convie aujourd’hui toutes les énergies, pour installer durablement le Grand Paris sur la première marche du podium des territoires sportifs. Dans la compétition des métropoles, que Pierre de Coubertin nous pardonne, l’important n’est pas de participer. Mais si au cours des quatre prochaines années, tous ensemble, nous parvenons à progresser jusqu’à faire du Grand Paris la référence évidente, la capitale mondiale du sport, avec tout ce que charrie l’idée du sport, alors cela donnera à la région capitale de la France un argument puissant de rayonnement. Les Jeux de 2024 en toile de fond sont une occasion précieuse pour nous engager pleinement dans cette course. Plus vite, plus haut, plus fort.
Infos pratiques : Conférence en ligne « Le sport, levier d’attractivité pour le Grand paris », jeudi 10 décembre de 18h à 20h. Organisée par Paris Île-de-France Capitale Economique en partenariat avec Enlarge your Paris. Inscription gratuite ici. Plus d’infos sur gp-investment-agency.com
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3 décembre 2020