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En alternative à Uber, une coopérative de chauffeurs VTC franciliens va voir le jour

Une coopérative de chauffeurs VTC franciliens va voir le jour en 2022 / © Force ouvrière (Creative commons - Flickr)
Des chauffeurs VTC franciliens s’apprêtent à créer une coopérative pour offrir une alternative à Uber / © Force ouvrière (Creative commons – Flickr)

Afin de sortir de l'économie des plateformes comme Uber, 500 chauffeurs VTC franciliens ont choisi de se regrouper pour former une coopérative dont le lancement est prévu en 2022. L'avocat Jérôme Giusti et Brahim Ben Ali, secrétaire général de l’Intersyndicale nationale VTC, ont présenté le projet à Enlarge your Paris.

Comment est né ce projet de coopérative regroupant des chauffeurs VTC franciliens ?

Jérôme Giusti : J’exerce la profession d’avocat en droit du numérique depuis 1997. J’ai longtemps été un chantre du numérique et j’en suis un repenti. Aujourd’hui, j’essaie d’en défendre une pratique plus vertueuse. En 2020, pour le compte de la Fondation Jean-Jaurès, j’ai corédigé un rapport présentant le système des coopératives comme alternative à l’entrepreneuriat fictif proposé par les plateformes. Le 4 mars 2020, la Cour de cassation reconnaissait que les chauffeurs Uber étaient des salariés. Quelques semaines après, c’était le début du confinement. Des chauffeurs Uber m’appelaient pour me dire qu’ils ne travaillaient plus mais qu’ils n’avaient pas droit au chômage partiel. En mai 2020, à la réouverture des conseils de prud’hommes, je déposais les premiers dossiers pour que ces chauffeurs soient requalifiés comme salariés. Uber promet à ces chauffeurs une indépendance qui est une fausse indépendance. Mieux vaut devenir son propre entrepreneur, créer son propre emploi. En avril 2021, j’ai donc été mandaté pour aider à monter cette coopérative.

Brahim Ben Ali : L’idée est de promouvoir le made in France. Avec la coopérative, nous allons garantir aux chauffeurs une rémunération plus juste et aux clients une meilleure qualité de service. Car, ne nous mentons pas : Uber, c’est le profit, pas la sécurité. Nos chauffeurs seront formés à une prestation qualitative et seront certifiés. Cette certification pourrait notamment prendre en compte le dress code, l’ancienneté dans la profession, le bagage linguistique… Si cette coopérative dans le secteur des VTC fonctionne, elle ouvrira aussi des perspectives dans d’autres secteurs.

Justement, comment va fonctionner cette coopérative ?

Jérôme Giusti : Il ne va pas s’agir de concurrencer Uber car nous n’allons pas proposer du service « à la volée ». Dans un premier temps, nous allons partir sur le marché du B2B. Nous allons négocier avec des grandes entreprises, répondre à des marchés publics. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis – qui a pris l’engagement de financer le projet à hauteur de 25 000 euros – mais aussi la ville de Saint-Denis se sont dits intéressés. Nous attendons des réponses d’autres collectivités.

Brahim Ben Ali : Nous sommes effectivement sur un service de réservation et pas sur de l’instantané. Mais un particulier pourra réserver. En plus des 500 chauffeurs qui ont choisi de préfinancer la coopérative, nous en avons 1 400 qui se sont inscrits sur une liste pour nous rejoindre. Cela fait donc potentiellement près de 2 000 chauffeurs. Mais, pour une nuit « normale » dans l’agglomération parisienne, il faut environ 3 000 chauffeurs disponibles. C’est une coopérative qui va progresser dans le temps.

Quelles sont les échéances à venir ?

Jérôme Giusti : Nous finalisons actuellement les statuts. L’immatriculation de la coopérative devrait se faire fin janvier, puis nous entrerons dans une phase de lancement, avec, notamment, le travail autour du nom, le design de l’application, la signature des premiers contrats… Enfin, au second semestre 2022, le projet prendra son envol.

Quelles sont les conditions principales à la réussite du projet ?

Jérôme Giusti : Il nous faut des clients, tout simplement. Et une bonne gouvernance. Mais nous avons déjà un bon point de départ : des chauffeurs motivés.

Brahim Ben Ali : Il faut aussi une prise de conscience des Français. En utilisant Uber, vous contribuez à l’évasion fiscale. Nous, nous misons sur la redistribution des richesses. Certes, vous paierez la course un peu plus cher mais, tout en bénéficiant d’un service plus qualitatif, vous contribuerez à enrichir le pays.

Infos pratiques : Plus d’infos sur seinesaintdenis.fr

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