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En 2025, on pourra se baigner dans la Seine

La Seine à Paris / © LeFrolin (Creative commons)
La Seine à Paris / © LeFrolin (Creative commons)

Le 9 juillet dernier, la maire de Paris Anne Hidalgo annonçait qu'il serait possible de se baigner dans la Seine à partir de 2025. Un projet qui s'inscrit dans l'héritage des Jeux olympiques et une réflexion lancée dès 2016, comme le rappelle à Enlarge your Paris Patricia Pelloux, directrice adjointe de l'Atelier parisien d'urbanisme.

Anne Hidalgo a annoncé le 9 juillet les trois sites parisiens où il sera possible de se baigner dans la Seine à partir de 2025. Mais le projet est amorcé depuis plusieurs années déjà…

Patricia Pelloux : En effet : depuis que la décision a été prise d’améliorer la qualité de l’eau de la Seine en vue des Jeux olympiques de 2024. Un calendrier a été élaboré pour la « baignabilité » du fleuve qui constituerait un des héritages des JO. En 2015, lorsque le Groupement d’intérêt public de Paris 2024 est créé, il est décidé avec la Ville de Paris de placer la Seine au cœur des Jeux. Un Comité de Pilotage « Qualité de l’eau et baignade » voit le jour en 2016 et lance l’ensemble des travaux nécessaires à une meilleure qualité de l’eau. C’est un travail d’envergure, même s’il est peu visible. Dès 2016, l’APUR (Atelier parisien d’urbanisme) propose 49 sites susceptibles d’accueillir la baignade. Puis un appel à manifestation d’intérêt est lancé auprès des collectivités par la préfecture de Région, la Métropole du Grand Paris et la Ville de Paris et, en 2018, l’APUR rend une nouvelle étude d’où se dégagent 16 villes et 23 sites potentiels en bord de Seine et de Marne.

Les trois sites parisiens retenus se situent au niveau du bras de Grenelle dans le 16e, sur le bras Marie dans le 4e, et face à l’île de la Cité et au niveau du port de Bercy dans le 12e. Pourquoi ces trois sites sont-ils intéressants ?

Avant tout, il convient de rappeler l’envie de plus en plus forte des citadins de pouvoir se baigner. Le succès du site du bassin de la Villette (19e) ouvert dès l’été 2017 en témoigne. Il y a non seulement l’envie de nager mais aussi de se rafraîchir, une dimension qui va prendre de plus en plus d’importance en ville avec le réchauffement climatique. Une forme d’équilibre avec des implantations en amont, au cœur de la capitale et en aval s’esquisse. En amont, le port de Bercy a un très fort potentiel car, tout d’abord, il n’est pas totalement occupé, ce qui laisse une certaine disponibilité du plan d’eau et de la berge. La proximité du parc de Bercy et de la passerelle Simone de Beauvoir est un atout. Et puis c’est un secteur où la Seine est large et droite, ce qui devrait permettre une cohabitation plus facile entre la navigation et un espace de baignade.

Quid du bras Marie ?

Ce choix s’inscrit dans toute une stratégie d’évolution progressive de ce site par la Ville de Paris. En 2002, cette partie des berges de Seine a accueilli Paris Plage. En 2012, la voie sur berges a été transformée en boulevard urbain. En 2016, elle devient réservée aux piétons et se transforme en parc Rives de Seine. L’utilisation du bras Marie en lieu de baignade et d’activités nautiques à certains moments devient donc assez emblématique de la transformation d’un espace public au cœur de Paris.

Et le bras de Grenelle ?

Dès 2016, il a été identifié comme zone de baignade potentielle. En 2018, un site à proximité en rive droite face à la tour Eiffel avait été exploré en lien avec Haropa Port et VNF (Voies navigables de France) pour revenir finalement au bras de Grenelle situé entre l’allée des Cygnes et le 15arrondissement, où la navigation est moins importante et où la vue sur la tour Eiffel est spectaculaire. Le site est d’autant plus intéressant qu’on se trouve dans un secteur habité et fréquenté dont pourraient bénéficier Parisiens et Franciliens.

Où en êtes-vous de l’étude sur les sites de baignade en héritage ?

Le Comité de pilotage « Qualité de l’eau et baignade » piloté par le préfet de Région, le président de la Métropole du Grand Paris et la maire de Paris a souhaité que nous la poursuivions. Nous actualisons donc l’étude des 23 sites identifiés en 2018 et prenons attache avec les collectivités impliquées pour une mise à jour dès l’automne prochain. Des ajustements seront apportés. Ensuite, des études de faisabilité opérationnelles seront lancées pour certains lieux par les parties prenantes. Une démarche progressive peut s’installer. En effet, on peut imaginer que, avec la poursuite de l’amélioration de la qualité de l’eau, de nouveaux sites, notamment en aval, pourraient être envisagés.

Qu’en est-il de la possibilité de nager dans les rivières et les canaux franciliens ?

Les sites de baignade dont on a parlé concernent la Seine et la Marne. Des réflexions sont aussi en cours sur le canal de l’Ourcq et ses abords, ainsi que sur le canal Saint-Denis et dans le parc Georges-Valbon (Seine-Saint-Denis). Et puis il ne faut pas oublier les bases de loisirs qui permettent également l’accès à la baignade. 

Pourquoi faudra-t-il attendre 2025 pour se baigner dans la Seine ?

Parce que des travaux préalables sont nécessaires pour l’amélioration de la qualité de l’eau portés par les collectivités, le SIAAP, Haropa Port, l’Agence de l’eau… Et parce que, à l’été 2024, il y aura les JO avec beaucoup de festivités en bord de fleuve, parmi lesquelles la cérémonie d’ouverture, ainsi que plusieurs épreuves comme le triathlon et la nage en eaux vives. À cette période, les collectivités et les services de l’État seront donc très sollicités.

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