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Dans les quartiers pauvres, investir dans les habitants plutôt que dans les bâtiments

Les Ateliers Médicis à Clichy-Montfermeil / © Ateliers Médicis
Ouverts à Clichy-Montfermeil en Seine-Saint-Denis, les Ateliers Médicis visent à créer un lieu culturel de référence dans une des villes les plus pauvres de France / © Ateliers Médicis

Dans un rapport intitulé "Les quartiers pauvres ont un avenir" pour le compte de l'Institut Montaigne, l'essayiste Hakim El Karoui plaide pour une autre politique dans les quartiers.

« Il y a de l’espoir pour les quartiers pauvres. » Essayiste et fondateur de la société de conseil stratégique Volentia, Hakim El Karoui vient de publier, pour le compte de l’Institut Montaigne, un rapport intitulé « Les quartiers pauvres ont un avenir » où il revient sur 40 ans de « plans banlieues » successifs. Des politiques centrées exclusivement sur la rénovation des bâtiments et l’aide sociale mais sans volet économique, déplore-t-il. Raison pour laquelle il appelle à ne plus faire de ces quartiers une exception en les replaçant dans l’économie générale de la France.

Il appuie son propos en contestant certaines des idées reçues sur les quartiers pauvres et en prenant notamment l’exemple de la Seine-Saint-Denis. Entre 2007 et 2018, le département a ainsi contribué à 29 % de l’augmentation de la masse salariale en France. Par ailleurs, la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, est le 8e département contributeur au financement de la protection sociale et celui qui reçoit le moins de protection sociale par habitant (8 400 € par habitant). Elle compte 1.100 effectifs de la fonction publique hospitalière pour 100.000 habitants, contre 1.800 en moyenne en France métropolitaine.

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La nécessité d’un changement de stratégie

Hakim El Karoui constate enfin que « les territoires les plus pauvres se sont spécialisés dans l’accueil des plus pauvres, souvent issus de l’immigration, et la Seine-Saint-Denis en est un bon exemple. Ces quarante dernières années, la Seine-Saint-Denis a progressivement consolidé sa « fonction » dans l’accueil des populations immigrées ».

D’où son diagnostic : « L’essentiel n’est pas tant de faire disparaître les quartiers pauvres – cela semble impossible – que de les traiter comme des « sas » et permettre à leurs habitants de les quitter dans une meilleure situation qu’à leur arrivée. » Pour ce faire, Hakim El Karoui considère « qu’il est temps de changer de stratégie, d’investir dans les flux plutôt que dans les stocks, dans les habitants plutôt que dans les bâtiments » et assure : « il est possible d’éduquer, de soigner, d’intégrer mieux et d’exclure moins ».

Infos pratiques : L’intégralité du rapport « Les quartiers pauvres ont un avenir » est à lire sur institutmontaigne.org

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