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« Coronavirus : stop au banlieue-bashing ! »

Logements sociaux à Saint-Denis / DR (Wikimedia commons)
Logements sociaux à Saint-Denis / DR (Wikimedia commons)

Depuis neuf ans, l'association Métropop'! travaille à faire changer les représentations associées à la banlieue. Dans le cadre du confinement, ses bénévoles réagissent à la stigmatisation dont font l'objet les quartiers populaires.

En ce moment, une parodie de Claude François tirée de son titre « Y’a le printemps qui chante » circule sur les réseaux sociaux pour dire « Reste à la maison ». Après une semaine de confinement, nous, membres de Métropop’!, association qui agit dans les quartiers populaires du Grand Paris, avons plutôt envie de parodier son tube « Comme d’habitude » :

Comme d’habitude, des élus de tous poils vont pointer du doigt les fauteurs de trouble, leur incivisme, leur irresponsabilité, leur antipatriotisme ;

Comme d’habitude, certains médias vont se repaître de ces images de vilains petits canards traficoteurs et de leurs familles, mal éduqués, mal intégrés, au pied de leur cité ;

Comme d’habitude, on oubliera l’inégalité sociale, la promiscuité du logement, le chômage massif et les effets de 40 ans de discrimination ethnique et territoriale ; 

Comme d’habitude, on ne parlera pas de tous ceux qui dans ces quartiers assurent encore le fonctionnement du pays quand d’autres télétravaillent, ni de ceux qui ont des gestes de solidarité inouïs, ni de comment la solidarité s’organise escalier par escalier, et ni de ceux non plus qui font le maximum dans des conditions parfois dramatiques pour préserver leur famille de l’épidémie et occuper leurs enfants sans ressources scolaires.

« Les habitants des quartiers populaires ne sont ni des irresponsables, ni des inconscients, ni des traîtres à la Nation »

C’est pourquoi nous soutenons l’appel de Pas sans Nous dans Mediapart dont voici un extrait :

« Au-delà de l’engagement sans faille de tous les soignants, médecins, urgentistes, infirmières et de tous ceux qui permettent les soins, ce sont les classes populaires qui font les premières les frais de cette crise sanitaire et politique : SDF, migrants, Roms, et tous ceux qui sont appelés à continuer à travailler pour faire tourner l’économie : caissières des grands magasins, éboueurs, femmes et hommes de ménage, aides-soignant.e.s, aides à domicile, livreurs… Toute une main d’œuvre précaire et à bas salaire à qui aucune protection sanitaire n’a été accordée, inquiète d’être à son tour contaminée et de contaminer son entourage. Ce sont également les classes populaires qui seront les premières touchées par la précarité engendrée par le chômage partiel et les licenciements autorisés pendant la crise. La fermeture des services sociaux, des restaurants du cœur, des banques alimentaires, des activités associatives, fait disparaître le maillage social qui en temps ordinaire permettait de « tenir » dans les quartiers populaires. Des échos arrivent de plusieurs territoires témoignant de la détresse des familles et de leur sentiment d’abandon. »

Les habitants des quartiers populaires ne sont ni des irresponsables, ni des inconscients, ni des traîtres à la Nation. Ils font avec, comme nous tous et comme ils peuvent. Les boucs-émissaires en période de crise, c’est trop facile et on sait où çà mène ! Stop au banlieue-bashing, soyons solidaires avec les habitants des quartiers populaires.

Infos pratiques : L’actualité du collectif citoyen Métropop ! est à retrouver sur metropop.org

A lire : Saint-Denis. Ma ville est un corps nu.