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Avant l’arrivée du Grand Paris Express, on teste l’urbanisme en vrai à Vitry

La "Zone à discuter" mise en place à Vitry pour penser le quartier de la future gare du Grand Paris Express Vitry Centre / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris
La « Zone à discuter » mise en place à Vitry pour penser le quartier de la future gare du Grand Paris Express Vitry Centre / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris

Jusqu'en décembre, l'avenue du Général Leclerc à Vitry accueille des installations temporaires en bois afin de réfléchir avec les habitants à son réaménagement en vue de l'arrivée du métro du Grand Paris Express.

En partenariat avec la Société du Grand Paris

Un homme qui joue à l’équilibriste sur une poutre, des enfants qui se faufilent entre des troncs d’arbres coupés, deux femmes âgées qui discutent assises sur un banc en bois, un slameur qui déverse son flow sur une estrade… Depuis le mois de septembre, l’avenue du Général Leclerc à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) a drastiquement changé de visage. En bas de cette rue qui mène de la place du Marché à la mairie, de grandes lettres en bois se dressent et interpellent : « Trois mois pour tester – zone à discuter ». Longtemps monopolisée par les voitures, cette rue a été choisie par la Société du Grand Paris (SGP), Île-de-France Mobilités, l’Association des maires de France et la Ville pour un projet d’expérimentation urbaine. Avec, en ligne de mire, la construction déjà bien entamée de la future gare du Grand Paris Express, Vitry Centre, dont l’ouverture est prévue fin 2025.

« Nous savons que l’avenue du Général Leclerc sera une artère très fréquentée par les piétons car elle reliera la future station de métro au centre-ville ; il va donc falloir repenser son aménagement en réduisant la place des voitures », explique Thibault Pouilloux, chef de projet Pôles d’échanges à la SGP. En septembre, l’association vitriote MONsTR, l’urbaniste Simon Goddard et l’enseignant en design d’espace Jérémie Buttin, réunis au sein du collectif Tronc commun, ont pris possession des lieux. Leur mission : construire in situ des installations temporaires innovantes et partir à la rencontre des habitants pour recueillir leurs attentes et leurs avis avant que les travaux définitifs ne soient réalisés.

Initialement à double sens, la circulation automobile a été réduite à une voie et a laissé place à ce que le collectif appelle du « mobilier capable », soit du « mobilier qui visuellement ne remplit pas une fonction d’usage identifiable mais qui peut devenir support de plein de choses », souligne Jérémie Buttin. Ici et là sont installées des planches de bois qui servent d’assises, une plateforme parsemée de mâts réalisés avec des troncs, plus loin des « crottes de mammouth » customisées pour délimiter la zone piétonne. Si ces installations n’ont pas vocation à « préfigurer ce que sera le projet d’aménagement final », elles permettent de questionner la population sur son rapport à l’espace public, de « sortir du cadre », de « tester sur un temps limité ce que l’on envisage de faire plus tard, de pouvoir l’adapter si besoin et de faire comprendre aux habitants que le visage du quartier va changer avec l’arrivée du métro », précise Thibault Pouilloux.

La "Zone à discuter" mise en place à Vitry pour penser le quartier de la future gare du Grand Paris Express Vitry Centre / © Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris
© Mélanie Rostagnat pour Enlarge your Paris

Aller plus loin que la concertation par simple questionnaire

Jusqu’en décembre, les membres du collectif vont multiplier les interventions sur place. « L’objectif est d’aller plus loin que ce qui se fait habituellement, c’est-à-dire la concertation par simple questionnaire », assure Jérémie Buttin, qui reconnaît qu’« il est souvent difficile de se projeter dans un projet d’urbanisme en se basant uniquement sur un dessin ou une maquette ». Pour engager la discussion, MONsTR a construit un chariot mobile, baptisé le « tout à pied », qui déambule dans le quartier. Les premières réactions des habitants ont été nombreuses, variées et nuancées. Si certains s’agacent de ne plus pouvoir stationner librement dans la rue ou craignent les regroupements de jeunes le soir, d’autres se réjouissent de la diminution de la pollution sonore. Les enfants semblent conquis par les troncs d’arbres qui se dressent comme un parcours de labyrinthe tandis que les poussettes et les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à emprunter l’avenue.

« Les riverains apprécient le fait que l’on prenne le temps d’échanger avec eux, que l’on soit là pendant plusieurs mois », rapporte Clément Poma, cofondateur de l’association MONsTR. « Nous souhaitons avant tout leur montrer que nous ne défendons pas à tout prix nos installations mais qu’elles sont là pour ouvrir le dialogue », conclut-il. Une réunion publique en décembre permettra de faire le point et de transmettre aux opérateurs du Grand Paris Express les recommandations de la population, avant que de nouvelles expérimentations ne soient menées aux abords d’autres futures gares du métro.

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