Artdevivre
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Le Grand Bleu en banlieue

En juin dernier, je (Antoine de mon prénom) prenais un bus direction Villeneuve-la-Garenne, où se trouve la fosse de plongée Aqua Hauts-de-Seine. Car oui, il est possible de se prendre pour Jean-Marc Barr en Île-de-France. Mais sans les poissons… ni Rosanna Arquette.

En arrivant sur le lieu, je n’en mène pas (grand) large : devant moi, trois fosses de respectivement 5, 10 et 20 mètres. Fabrice Rolland, le directeur de la fosse, me rassure par un accueil agréable et en m’expliquant que « ce n’est rien ».  Soit, mais le seul entraînement que j’ai, c’est ma baignoire. Il y a donc une légère différence.

Ce week-end là, William Trubridge, double champion du monde d’apnée et double recordman dans la discipline, anime un stage à une poignée de débutants et d’initiés. Au programme : de la théorie (car la plongée en apnée ne se résume pas à boucher son nez et mettre la tête sous l’eau), incluant l’apprentissage des règles basiques de sécurité, mais aussi tout un cours sur le fonctionnement du système respiratoire (comme au collège), puis une séance de yoga animée par Brittany, la femme de William, qui insiste sur la respiration et l’art de « faire le vide dans sa tête ». Le tout en anglais. Puis vient l’heure du grand bain…

Direction le bassin de 5 mètres

Heureusement, les 2 heures de yoga ont fait leur effet. Au moment de passer à l’acte, je suis beaucoup plus zen qu’à mon arrivée sur le site. Les fosses sont là, la plus profonde étant légèrement éclairée, probablement pour ne pas trop effrayer ceux qui, comme moi, ne sont pas totalement rassurés. On m’équipe d’un masque et de palmes, et on me dirige vers le bassin de 5 mètres (ouf). L’instructeur qui va m’accompagner dans l’expérience me gratifie d’un « pour un début, ce sera déjà pas mal », certainement pour me mettre en confiance. De toute façon, je ne comptais pas battre un record mondial ce jour-là.

Je rentre donc dans une eau chauffée. Agrippé à l’échelle, on m’explique la marche à suivre. Je retiens mon souffle, mets mon masque, sentant ma lèvre supérieure remonter tout en me disant que je ressemble sûrement à Lana Del Rey. J’entame alors ma descente, toujours bien accroché à l’échelle. Un échelon, puis deux, et je ressens immédiatement le besoin de remonter.

Au bout de plusieurs essais infructueux, je me sens un peu idiot et crains de faire perdre patience à mon instructeur, qui pourtant reste calme et me répète que nous avons le temps, que c’est normal, qu’il ne faut pas que je me mette la pression.

Le chant des sirènes 

Au bout de la cinquième tentative, et tout fier de moi, je descends bien plus, et, à mon grand étonnement, entends une petite musique relaxante se propager dans la fosse. On m’expliquera plus tard qu’elle est là pour apaiser les plongeurs, car le silence qui règne sous l’eau peut vite se révéler angoissant. Mes oreilles commencent à subir les effets de la pression, et comme il m’a été spécifié, je ne force pas et remonte. À la surface, on me dit que je suis allé à trois mètres, ce qui ne me rend pas peu fier !

Ce sera tout pour moi, mais je suis content : je ne pensais pas aller aussi « loin », n’aimant habituellement pas trop m’éloigner de la surface…