Culture
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Une expo qui va bien vous gonfler

Pont-trampoline enjambant la Seine à Paris imaginé par l'agence AZC / © AZC Architectes
Pont-trampoline enjambant la Seine à Paris imaginé par l’agence AZC / © AZC Architectes

Jusqu'au 14 février, la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris met à l'honneur les structures gonflables avec l'exposition "Aerodream", un sujet à la frontière entre ludique et politique.

C’est le genre d’expo qui vous donne envie de faire des schboiiing-schboiiiing en sortant. D’arpenter la ville depuis l’intérieur d’une bulle géante. Voire de faire des bisous à ces architectes légèrement frappés qui ont imaginé au choix un œuf gonflable au-dessus d’un musée anglais (Rem Koolhaas et Cecil Balmond pour la Serpentine Gallery) ou une maison de thé qui semble respirer comme un humain (Kengo Kuma).

Cette expo, c’est Aerodream. Proposée par la Cité de l’architecture et du patrimoine en partenariat avec le Centre Pompidou-Metz, elle revient sur plus de 70 ans de structures gonflables. On ne va pas vous refaire tout l’historique mais, pour résumer, on dira que, dans les années 60, architectes et designers se sont pris de passion pour le gonflable : sa souplesse et sa facilité de mise en œuvre y sont pour beaucoup, certes. Mais pas seulement : le gonflable devient un support à l’utopie.

Du trampoline sur la Seine

Au cours de l’exposition, on peut découvrir par exemple le Mobiles Büro, conçu en 1969 par l’architecte Hans Hollein : une bulle de plastique dans laquelle on se glisse pour travailler en totale osmose avec son environnement. Idéal pour une session de télétravail dans une prairie du Perche, peut-être un peu moins si on l’installe sur les boulevards des Maréchaux… C’est d’ailleurs tout le sel de cette exposition : découvrir des projets ou des réalisations auxquels le gonflable confère un léger parfum de folie douce. En témoignent les projets du groupe anglais Archigram, qui imagine des villes où dirigeables et ballons gonflables deviennent le prolongement des habitations. Ou encore cette idée de pont-trampoline enjambant la Seine à Paris imaginé par l’agence AZC.

Hans Hollein dans son bureau mobile en 1969 / © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-GP-Jean-Claude Planchet / Hans Hollein
Hans Hollein dans son bureau mobile en 1969 / © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-GP-Jean-Claude Planchet / Hans Hollein

Le plastique, c’est politique

Mais le gonflable a aussi une portée politique. Il sert à dénoncer les excès d’une société consumériste et à donner forme à des installations vectrices de messages puissants. C’est le cas de Liveboat, l’installation du collectif berlinois Plastique Fantastique : un canot de sauvetage géant dans lequel le visiteur peut pénétrer et qui rappelle le drame des réfugiés. Grâce à sa simplicité d’usage, le gonflable côtoie évidemment souvent l’humanitaire. C’est en pensant aux victimes du tremblement de terre du Frioul, en Italie, que Gernot Nalbach imagine la « low cost house », un habitat d’urgence. Avec Ark Nova, Anish Kapoor conçoit la première salle de concert gonflable et la fait voyager dans des villes japonaises sinistrées par le tsunami afin de revivifier la vie culturelle locale.

Autre point fort d’Aerodream : des structures gonflables qui sont disséminées dans les salles d’exposition permanente. L’occasion de découvrir les collections de la Cité de l’architecture agrémentées de ces œuvres monumentales, parmi lesquelles celle qui a été installée sous le dôme, au dernier étage du bâtiment : des sortes de cellules géantes qui changent de couleur. De quoi ressortir du musée gonflé à bloc !

Infos pratiques : exposition Aerodream à la Cité de l’architecture et du patrimoine, 1, place du Trocadéro, Paris (16e). Du 6 octobre au 14 février. Ouvert de 11 h à 19 h les lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche. Ouvert de 11 h à 21 h le jeudi. Fermé le mardi. Tarifs : 12 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 18 ans. Accès : métro Trocadéro (lignes 6 et 9). Plus d’infos et réservation sur citedelarchitecture.fr

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