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Une expo intimiste explore les possibilités de l’intelligence artificielle

L'exposition "DérapIAges" est à voir jusqu'au 26 mars à la Boutique du futur à Montrouge / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris
L’exposition « DérapIAges » est à voir jusqu’au 26 mars à la Boutique du futur à Montrouge / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

Alors qu'Open AI a dévoilé cette semaine une nouvelle version de son intelligence artificielle ChatGPT, la Boutique du futur, chantre des low-tech à Montrouge, accueille jusqu'au 26 mars « DérapIAges », une exposition intimiste et pleine d'humour sur cette révolution technologique qui questionne autant qu'elle fascine.

Refroidi par les discours alarmistes sur l’intelligence artificielle (IA) ? La Boutique du futur à Montrouge (Hauts-de-Seine) a choisi d’aborder le sujet avec humour et inventivité avec l’exposition « DerapIAGes » entièrement pensée par Nicolas Trüb qui s’est appuyé sur Midjourney, une IA génératrice d’images. Cet ingénieur devenu Géo Trouvetou, créateur entre autres du cyclospace, a revêtu pour l’occasion le costume d’artiste. « Depuis toujours, j’ai plein d’images en tête mais il me manque le coup de crayon, le talent. L’arrivée de l’intelligence artificielle constitue pour moi une immense chance. Son irruption brutale a résonné en moi comme une véritable rupture, comme je n’en ai vécu qu’une ou deux fois dans ma vie, comme avec l’arrivée d’Internet », explique-t-il avant d’entamer la visite des lieux.

De Yoda Hopper à Trump version Rembrandt

Au sous-sol de son petit magasin rempli de ses inventions, nous apercevons d’abord un peu de son bric-à-brac. « J’ai rangé ! », glisse-t-il. Pour cette exposition, il a demandé à l’IA de Midjourney de créer des images sorties de son imagination, tout en se basant sur des styles picturaux et des personnages déjà existants. « Je questionne ainsi les possibilités subversives des images mais l’objectif reste bien évidemment de rigoler un peu », confie-t-il. On se poste d’abord devant Yoda Hopper, une représentation d’un Maître Yoda au regard mélancolique dans un café new-yorkais, à la manière du célèbre peintre américain Edward Hopper. Plus loin, nous nous amusons devant d’autres détournements d’artistes comme le Gentil Kim par Banksy, à savoir le dictateur nord-coréen Kim Jong-un tout sourire en compagnie d’une fillette heureuse dans le style du célèbre street-artiste ou encore le Trump peint par Rembrandt qui tourne encore un peu plus en ridicule la crinière de l’ancien président américain.

L’IA au service de la création ?

Derrière cette exposition sans prétention, Nicolas Trüb s’empare de l’IA pour mieux la vulgariser : « Il y a encore trois mois, je ne pouvais pas me lancer dans la création de ce type d’image car la technologie n’était pas au point. Et dans trois mois, tout le monde le fera, ce sera dépassé. Je peux monter cette exposition car je suis un outsider. Personne ne m’attend sur ce terrain », constate-t-il.

Mais où est donc le créateur qui se fait l’avocat du low tech ? « Je n’ai utilisé qu’un ordinateur, un logiciel peu onéreux, et j’ai imprimé moi-même mes créations, les ai suspendues dans mon sous-sol avec de simples pinces à linge en bois, en référence à cette époque où l’on faisait sécher ses développements photographiques. Bref, j’ai digéré l’innovation », sourit-il. Alors quid de l’intérêt de telles créations ? Cette exposition prolonge-t-elle le débat autour de l’IA qui peut faire de tout le monde un Victor Hugo ou un Van Gogh ? « L’intérêt d’une nouvelle technique est de relever encore un peu plus le niveau. Beaucoup d’artistes savent bien qu’aucun d’entre eux ne peut être remplacé par une IA, tempère Nicolas Trüb. En revanche, ils peuvent être supplantés par d’autres artistes qui eux, utilisent une IA. N’oubliez pas que la photographie ou la musique électronique étaient décriées avant de passer dans les mœurs ! » Qu’on aime ou qu’on passe son chemin, une chose est certaine : Nicolas Trüb possède l’art de convaincre. Un talent qui n’est pas donné à tous les créateurs.

Infos pratiques : exposition « DérapIAges » à la Boutique du futur, 18, rue Périer, Montrouge (92). Du 12 au 26 mars. Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 14 h et de 15 h à 19 h. Entrée gratuite. Catalogue de l’exposition : 10 €. Accès : métro Mairie de Montrouge (ligne 4). Plus d’infos sur Facebook

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