Culture
|

Les châteaux réveillent le mécène qui est en vous

Le château de Chantilly a lancé un appel aux dons mi-décembre / © Bruno Charras (Creative commons - Flickr)
Le château de Chantilly a lancé un appel aux dons mi-décembre / © Bruno Charras (Creative commons – Flickr)

Confrontés à une situation financière difficile en raison notamment de la crise sanitaire, les châteaux comme Chantilly ou Versailles font appel à la générosité du public qui peut ainsi participer à la sauvegarde de ce patrimoine commun.

Depuis des mois, les galeries et les salles d’apparat des châteaux grand-parisiens sont vides. Les caisses aussi. Au château de Chantilly (Oise), les pertes financières s’élèvent à 5 millions d’euros. Alors aux grands maux les grands remèdes. Les équipes du château ont lancé un appel aux dons en décembre dernier. « Les fermetures à répétition nous ont placé dans une situation complexe. On ne sait pas si on pourra payer les salaires de nos agents à compter du mois d’avril », explique Béatrice Pichon, responsable des relations institutionnelles du Domaine de Chantilly. 

Une situation aggravée par le retrait du principal mécène, la fondation Aga Khan, qui a déboursé 70 millions d’euros en 15 ans pour rendre sa superbe à l’ancienne demeure du duc d’Aumale. « On a donc décidé de demander à nos visiteurs de faire un don en ligne. » Et même à distance, ceux-ci répondent présents. Après un mois et demi, le montant de la collecte dépasse les 100.000€. « 97% de nos donateurs sont des particuliers à ce jour, majoritairement des personnes qui habitent à proximité de Chantilly. » L’objectif est désormais d’atteindre les 200.000€.

Cet appel aux dons a été inspiré par une autre institution grand-parisienne, Versailles (Yvelines). En 2020, la fréquentation s’est effondrée de 80%. Le château a donc décidé de solliciter la générosité de ses admirateurs avec un double objectif : « poursuivre ses activités et financer ses frais d’entretien courant » et « maintenir en activité les grands chantiers de restauration qui ne peuvent être repoussés ».

Château de Monte-Cristo à Port-Marly / © Julie Gourhant pour Enlarge your Paris
Le château de Monte-Cristo à Port-Marly a bénéficié du soutien de la Fondation du patrimoine en 2015 / © Julie Gourhant pour Enlarge your Paris

Devenir co-châtelain d’un château à l’abandon

Mais quid des plus petits domaines, à la communication moins puissante ? Ils peuvent faire appel aux mousquetaires du patrimoine de chez Dartagnans. Créée en 2015, cette startup permet à des monuments ou des lieux culturels d’organiser des campagnes de crowdfunding. Depuis 2020, elle coordonne la campagne « Sauvons nos monuments » mise en place avec la Région Île-de-France, en partenariat avec Le Parisien, afin de lever des fonds pour les sites du patrimoine francilien. Un peu plus de 100.000€ ont été récoltés l’an dernier. « On va réitérer tous les ans pendant au moins trois ans », indique Bastien Goullard, l’un des co-fondateurs de la plateforme.

Fondée à la fin des années 90, la Fondation du patrimoine s’appuie elle aussi sur des campagnes de mécénat public depuis 2002. C’est par ce biais que le château de Monte-Cristo, imaginé par l’écrivain Alexandre Dumas à Port-Marly (Yvelines), a pu venir à bout de ses problèmes d’humidité en 2015. La souscription publique avait permis de récolter 27.000€ auprès de 240 donateurs.  

Pour financer leurs travaux, les châteaux en péril peuvent abattre une ultime carte avec l’aide des Dartagnans. La startup propose à ceux qui le souhaitent de devenir châtelains, ou plus exactement co-châtelains en achetant collectivement un bien à l’abandon. « Dartagnans est actionnaire à hauteur de 20% à 25% de la société de gestion. Le reste des parts (à partir de 79€, Ndlr) appartient à tous les autres actionnaires, résume Bastien Goullard. A ce jour, nous avons acheté deux biens en Nouvelle-Aquitaine. Mais pourquoi pas un jour en Île-de-France ?! » En attendant de devenir co-châtelain, vous pouvez soutenir les campagnes en cours comme celle pour rénover la propriété de l’écrivain Alphonse Daudet, transformée en maison d’artistes à Draveil (Essonne). L’appel à contribution s’achève le 8 février et a déjà permis de réunir 7.500€.

Lire aussi : Les 4 sites du patrimoine mondial à visiter dans le Grand Paris

Lire aussi : En l’absence des touristes étrangers en Île-de-France, les lieux touristiques misent sur les Franciliens

Lire aussi : A la découverte des joyaux de la grande couronne