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De pastiches en postiches sur les scènes du Grand Paris avec « Thomas joue ses perruques »

Laurence, l'administratrice du théâtre de l'Etanol, l'un des personnages des "Perruques de Thomas" / DR
Laurence, l’administratrice du théâtre de l’Étanol, l’un des personnages des « Perruques de Thomas » / DR

Un pasticheur sachant pasticher doit savoir pasticher en postiche. Avec ses vidéos « Les Perruques de Thomas » sur Instagram, le comédien Thomas Poitevin a égayé le confinement de milliers de personnes. Aujourd'hui, c'est sur les planches du Grand Paris qu'il déploie ses personnages dans le spectacle « Thomas joue ses perruques ».

Non, il n’est pas en train de répéter à l’Étanol, la salle de théâtre subventionnée dont il parodie régulièrement Laurence, l’administratrice légèrement toxique de ses vidéos. Pour roder et lancer son spectacle tiré de sa série de sketches Les perruques de Thomas, l’auteur et comédien Thomas Poitevin s’est posé au Théâtre-Sénart de Lieusaint (Seine-et-Marne). « Beaucoup mieux que l’Étanol, confirme-t-il. Jean-Michel Puiffe, le directeur du théâtre, m’a contacté entre les deux premiers confinements. »

Car, pour Thomas Poitevin, le début de cette étrange période a été tout sauf improductive. En mars 2020, claquemurés chez eux, des milliers d’internautes découvrent ses pastilles vidéo hilarantes fignolées depuis chez lui : une galerie de personnages, chacun caractérisé par une perruque différente, portraiturés en quelques minutes. Il y a donc Laurence, l’administratrice de l’Étanol, toujours partante pour sadiser Marine, son assistante. Mais aussi Hélène Saint-Guy, agente immobilière légèrement en surchauffe de l’Ouest parisien. Ou l’acariâtre et pipelette Papy Daniel, qui manie les relations intra-familiales avec la délicatesse d’un panzer. Pendant la crise sanitaire, Thomas Poitevin diffuse ses pastilles sur Instagram. « Moi aussi, pendant cette période, j’étais isolé. C’était très impressionnant de voir comme ça a fonctionné. Bon, après, Instagram, c’est le réseau Bisounours. Quand on n’aime pas ce que tu fais, on cesse de te suivre. Ce n’est pas comme sur Twitter où on peut se prendre des flacons de vitriol… » Visiblement, les Bisounours ont une sacrée force de frappe : son compte est suivi par 74 000 abonnés. 

Mais le temps de cerveau disponible ne suffit pas à expliquer le succès. Lequel tient peut-être davantage à la capacité de Thomas Poitevin de tenir en équilibre sur le fil très fin qui lie l’humour à l’émotion ; de parvenir à souligner avec délicatesse les failles des gens sans en faire le ressort d’un rire facile. En témoigne la vidéo mettant en scène un vieux couple gay dont l’un souffre d’Alzheimer. Ou encore une belle-fille qui tente de maintenir le lien avec sa belle-mère en EHPAD. « C’est tout le fond de mon affaire, confirme Thomas Poitevin. Rire en partant de choses dures. Je trouve que les gens sont beaux quand ils rencontrent une épreuve et arrivent à la surmonter. »

Un banlieusard en tournée en banlieue

C’est donc sur scène qu’on pourra retrouver à partir du 25 septembre un échantillon de ces personnalités éminemment attachantes. Et il faut bien avouer qu’on se demande comment il va réussir à transposer de l’écran à un plateau ces pastilles tournées en plans serrés où, hormis la tête du personnage, le corps est généralement absent. « C’est tout un dosage, admet le comédien. Dans les vidéos, mes personnages ont souvent un interlocuteur. Sur scène, ce sera le public. On a décidé de faire tomber le quatrième mur. Je me suis aussi posé la question de bien bouger, d’attribuer une démarche à chacun des protagonistes. »

S’il s’installe tout le mois de novembre au Théâtre du Rond-Point à Paris (8e), Thomas Poitevin ouvre donc le bal à Lieusaint et tournera dans de nombreuses salles du Grand Paris. Cela ne lui déplaît pas. « J’aime bien me balader dans la ville où je joue une heure avant de monter sur scène. C’est comme ça que j’ai découvert Nogent-sur-Marne, Colombes ou Saint-Ouen. » Lui-même a grandi en Seine-et-Marne, à Fontainebleau. Il en garde « une nostalgie heureuse : Fontainebleau, c’est une ville charmante, un peu bourgeoise, avec un parfum un peu à part. Il y a un super cinéma de quartier, de vieilles maisons, la bibliothèque très années 70 et puis, bien sûr, la forêt ». On lui dit que, justement, on imagine bien Papy Daniel résider à Fontainebleau. Il réfléchit quelques secondes : « Dans ce cas, il habiterait rue Comairas… » Si le diable se niche dans les détails, alors Thomas Poitevin lui emboîte joyeusement le pas !

Infos pratiques : spectacle Thomas joue ses perruques, de et avec Thomas Poitevin. Du 25 au 30 septembre au Théâtre-Sénart à Lieusaint (77), le 1er octobre à la Salle Gérard-Philippe de Sainte-Geneviève-des-Bois (91), le 5 octobre à L’Espace 1789 de Saint-Ouen (91), le 7 octobre à L’Avant-Seine à Colombes (92), le 8 octobre au Théâtre Roger-Barat à Herblay-sur-Seine (95), le 9 octobre à L’Entre Deux à Lésigny (77), du 5 au 28 novembre au Théâtre du Rond-Point à Paris (8e), le 1er décembre à L’Azimut à Châtenay-Malabry (92), le 22 janvier au Théâtre de Chelles (77). « Les Perruques de Thomas » sont aussi à retrouver sur Instagram

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