Culture
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Cinq spots alternatifs où faire la fête dans le Grand Paris

Le Kilomètre 25 sous le périph au niveau de la Porte de la Villette / © KM25
Le Kilomètre 25 sous le périph au niveau de la porte de la Villette / ©  KM25

Mi-janvier ouvrira le plus grand club électro du Grand Paris dans un ancien entrepôt à La Villette, le Mia Mao. En attendant, Éric Labbé, ancien disquaire à l'origine de la pétition « Quand la nuit parisienne meurt en silence » en 2009, revient sur les évolutions des nuits électro de part et d'autre du périph et nous fait profiter de ses cinq bons spots avec Charlotte Anneix.

Que la fête se soit déplacée aux portes de Paris et en banlieue, cela ne date pas d’hier… ?

Éric Labbé : On ne va pas se mentir, cela fait trente ans que c’est le cas ! Et quoi de plus logique ? À la fin des années 80, que ce soit à Detroit ou à Berlin, l’électro voit le jour dans des entrepôts, hors des centres-villes. À Paris, l’un des hauts lieux de naissance de la rave n’est autre que l’usine Mozinor à Montreuil (Seine-Saint-Denis). À partir de la fin des années 90, la lutte contre les raves les repousse, par exemple, dans les forêts. La majorité des événements se déroulent donc en free parties ou bien dans des clubs du centre de Paris comme au Rex ou au Pulp. Il existe quelques exceptions comme le Batofar, situé au pied de la BNF (13e) ou le Glazart, entre la porte de la Villette (19e) et le périphérique. À partir de 2010, un mouvement de protestation pour dénoncer les conditions de vie nocturne à Paris se met en place, initié par la pétition que j’ai lancée « Quand la nuit parisienne meurt en silence ». En même temps émergent de nouveaux organisateurs de soirée en banlieue. Je pense par exemple à la Ferme du Bonheur à Nanterre (Hauts-de-Seine). En fait, les clubbeurs se sont rappelé combien il était plaisant d’aller dans des endroits moins contraints en termes de voisinage mais aussi de format : on sortait du côté « quatre murs et un bar ».

L’expérience de la fête est-elle différente à Paris et en banlieue ?

En banlieue, il y a d’abord l’expérience de devoir chercher. C’est beaucoup plus excitant de se lancer à la poursuite d’une adresse pas encore bien identifiée. Il y a un aspect un peu aventureux. Et puis, forcément, si la fête a lieu en banlieue, vous y allez pour la nuit, pas pour quelques heures. On ne croisera donc pas des « touristes » qui viennent pour voir à quoi ça ressemble, mais de vrais aficionados. La nuit entière c’est, de toute façon, le format de la fête électro qui ne s’inscrit pas dans une logique de « picorage ».

Mais en « défrichant » des territoires, la fête ne participe-t-elle pas de la gentrification de la banlieue ?

Le rôle de la nuit dans la gentrification est un vieux problème. Il est clair que faire la fête dans un quartier le rend automatiquement plus sexy, plus attractif. Le problème se pose par exemple de façon aiguë à Berlin. Les clubs font monter l’attractivité d’un quartier ; par conséquent, les propriétaires augmentent les tarifs des loyers et les clubs, ne pouvant plus suivre financièrement, sont obligés de mettre la clef sous la porte. C’est ce qui est arrivé au Watergate qui fermera d’ici à la fin de l’année et au Renate, dont la fermeture est également programmée. C’est donc une mécanique bien connue mais contre laquelle il n’existe pas de solution…

Le Kilowatt à Vitry dans la zone industrielle des Ardoines / © Le Kilowatt
Le Kilowatt à Vitry dans la zone industrielle des Ardoines / © Le Kilowatt

Les bons spots d’Eric Labbé et Charlotte Anneix 

Le bois de Vincennes, l’arbre qui cache la free party

« Aux beaux jours, de nombreuses free parties se tiennent dans le bois de Vincennes (12e). Des jeunes viennent avec des groupes électro et des enceintes pour des fêtes sans autorisation. Il n’y a pas de lieu défini mais cela fait partie du jeu : se balader à vélo à la recherche des sound systems ! »

Le Chinois, c’est dans les vieux restos qu’on fait les meilleurs sons

« Au Chinois – ouvert dans un ancien resto chinois à Montreuil (Seine-Saint-Denis) –, la programmation est extrêmement variée : on y passe de l’électro comme de la world music avec également un certain nombre de concerts. On est dans un endroit un peu roots, pas lisse du tout. Et c’est aussi ce qui en fait tout le charme ! »

Infos pratiques : Le Chinois, 6, place du Marché, Montreuil (93). Accès : métro Croix-de-Chavaux (ligne 9). Plus d’infos sur Facebook

La Villette, le party district de Paris

« Paris n’avait pas réellement de party district. Désormais, à la Villette, en marchant dix à quinze minutes à pied, vous croisez pas moins d’une douzaine d’établissements de nuit : le KM25, le Trabendo, le Cabaret Sauvage, la Station – Gare des Mines… Et puis, le 17 janvier ouvrira Mia Mao, un immense entrepôt de 3 000 m2 avec une magnifique voûte et une capacité de 2 300 personnes… Tous les voyants sont au vert pour que cela devienne « le » grand club techno parisien. »

Infos pratiques : Mia Mao, 2, rue de la Clôture, Paris (19e). Ouverture le 17 janvier. Accès : métro Porte de la Villette (ligne 7), station Ella Fitzgerald (tram T3b). Plus d’infos sur miamao.fr

La friche de La Station - Gare des mines Porte d'Aubervilliers dans le 19e / © La Station - Gare des mines
La friche de La Station – Gare des mines porte d’Aubervilliers dans le 19e / © La Station – Gare des mines

Le Kilowatt, friche électrisante

« Le bâtiment, un chapiteau au pied d’une ancienne usine EDF dans la zone industrielle des Ardoines à Vitry (Val-de-Marne), est assez marrant. Là aussi, on est dans un endroit assez roots avec des grosses fêtes électro qui ont fait leurs preuves. »

Infos pratiques : Le Kilowatt, 18, rue des Fusillés, Vitry (94). Accès : gare des Ardoines (RER C). Plus d’infos sur lekilowatt.fr

Le Point Fort, comment ne pas avoir un faible ?

« L’endroit, ouvert dans un ancien fort militaire aux portes de Paris à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), est principalement dévolu aux musiques du monde. Pour autant, on peut y entendre des choses assez différentes avec des esthétiques très variées ! »

Infos pratiques : Le Point Fort, 174, avenue Jean-Jaurès, Aubervilliers (93). Accès : métro Fort d’Aubervilliers (ligne 7). Plus d’infos sur lepointfort.com

Le Point Fort à Aubervilliers / © Le Point Fort
Le Point Fort à Aubervilliers / © Le Point Fort

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