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Les canaux, galeries d’art à parcourir sur l’eau

Croisière street art sur le canal de l'Ourcq dans le cadre de L'Eté du Canal / © Arthur Crestani
Croisière street art sur le canal de l’Ourcq dans le cadre de L’Eté du Canal / © Arthur Crestani

Il y a les galeries d'art que l'on parcourt à pied. Et il y le canal de l'Ourcq et le canal Saint-Denis en Seine-Saint-Denis sur les berges desquelles ont été peintes de nombreuses oeuvres street art et qui donnent lieu à des visites commentées en péniche pendant L'Eté du Canal.

Cet article a été écrit dans le cadre de L’Eté du Canal en partenariat avec Seine-Saint-Denis Tourisme

Quand arrive l’été, on les attend avec la même impatience que les fraises fin avril ou les Ferrero Rocher en décembre. Car, depuis plusieurs années, les croisières street art constituent un événement-signature du festival L’Eté du Canal. On rappelle le principe à ceux qui prendraient le bateau en marche : depuis une péniche, accompagné de Nicolas Obadia ou Thomasine Zoler, médiateurs de l’association Le MUR 93, vous êtes guidé sur le canal de l’Ourcq ou celui de Saint-Denis à la découverte des oeuvres street art qui en jalonnent les berges. 

Marion Cotillard sur la façade d’un entrepôt

Côté Ourcq, le départ s’effectue de Jaurès (19e). Pas de mystère : « C’est au quartier Stalingrad que le mouvement hip-hop a rebondi en France pour ensuite se disséminer le long des canaux, éclaire Nicolas Obadia. Cela explique que les banlieues nord soient si fertiles aujourd’hui. » De Paris à Bondy (Seine-Saint-Denis), le visiteur peut observer les oeuvres du parcours Harcourt, le célèbre studio photo ayant pris part à ce projet de L’Eté du Canal en mettant à disposition des artistes son fonds photographique pour qu’ils s’en inspirent. A Pantin (Seine-Saint-Denis), Marion Cotillard portraiturée par l’artiste américaine BK Foxx s’étend ainsi sur la façade d’un entrepôt (photo ci-dessus). Un peu avant, le croisiériste contemple ce qui reste de la somptueuse impératrice chinoise réalisée par Fin DAC à côté du restaurant Chez Agnès. Un cas d’école selon Nicolas Obadia : « La moitié de la fresque a été démolie en raison du morcellement de la façade. Se pose aujourd’hui la question de la rénover ou non. Pour l’instant, on est sur un statu quo mais tout le monde attend de voir ce qui va se passer ».

Avec des portraits du rappeur décédé Tupac mais aussi de la militante antiraciste Assa Traoré (malheureusement partiellement endommagée), la croisière permet de saisir que le street art est aussi bien porteur de mémoire que de message politique. Et pour cause : « L’art urbain est vecteur de cohésion sociale, résume Nicolas Obadia. Mais si ce ne sont que des couleurs, cela manque de sens. »

Oeuvre de Guaté Mao sur la Street Art Avenue le long du canal Saint-Denis / ©  Aiman Saad Ellaoui
Oeuvre de Guaté Mao sur la Street Art Avenue le long du canal Saint-Denis / © Aiman Saad Ellaoui

Saint-Denis, c’est d’la bombe aérosol bébé !

Côté canal de Saint-Denis, le visiteur découvre le parcours Street Art Avenue, lancé lors de l’Euro 2016 de football en France. Seth, Zest, Telmo Miel… chaque année, des artistes locaux comme internationaux viennent enrichir cette collection en plein air. S’y côtoient les commandes comme les interventions vandales. « C’est d’autant plus intéressant, souligne Nicolas Obadia, que la restauration de certaines des oeuvres démarre. Qu’une collectivité accepte d’utiliser des lignes budgétaires pour cela, ce n’est pas anodin. Cela témoigne de l’envie de restaurer ce qui est le berceau du hip-hop. Et cela montre que le street art est perçu comme un levier d’attractivité territoriale. » Là aussi, la dimension mémorielle est présente via notamment la fresque « 17 ensemble » signée Joachim Romain et Eric Vinson et qui rappelle la répression meurtrière d’une manifestation d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris

Même si vous avez déjà fait l’une de ces croisières, cela vaut la peine de réembarquer. Comme le souligne Nicolas Obadia, « le street art est un art éphémère. On ne peut que constater et accepter les disparitions d’oeuvres. » Et donc, logiquement, apprécier le surgissement de nouvelles. Et si, décidément, vous appréciez de vous faire mener en bateau, L’Eté du Canal vous en donne de multiples occasions : théâtralisée, contée, tournée vers l’histoire industrielle ou l’agriculture urbaine, couplée à une expo aux Magasins généraux ou à une séance de cinéma en plein air, vous trouverez forcément « la » croisière qui vous donnera une bonne raison de quitter la terre ferme. Sans oublier hors de l’eau les stages de graffiti organisés par le collectif L’Ecluse, ouverts à tous à partir de 13 ans et auxquels vous pouvez participer sur deux jours les 19 et 20 juillet, 23 et 24 août et 30 et 31 août.

Infos pratiques : Croisières street art sur les canaux en Seine-Saint-Denis les 17, 24, 31 juillet et 14 août à 11h. Durée : 1h45 à 2h. Tarif : 12€ (plein tarif), 9€  (4-12 ans), gratuit pour les moins de 4 ans. Réservations sur exploreparis.com

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