Société
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Le Wonder, le kibboutz artistique du 9-3

Durant trois ans, une soixantaine d'artistes se sont regroupés dans l'ancienne usine Wonder à Saint-Ouen, transformée en atelier et en lieu d'expo. Leur objectif : mutualiser un espace pour diminuer leurs frais. Désormais, la petite communauté s'est installée dans un immeuble de bureaux à Bagnolet où elle pendra la crémaillère le 20 février prochain. Retour sur cette aventure collective.

Le Wonder à Saint-Ouen / © Le Wonder

 

L’union fait la force. Elle fait aussi baisser les prix. Ça, les quelque 60 artistes du Wonder à Saint-Ouen (93) l’ont bien compris, eux qui, entre 2013 et 2016, ont investi l’ancienne usine de piles éponyme au slogan inoubliable : “Wonder, la pile qui ne s’use que si l’on s’en sert”. L’idée : offrir des espaces à des artistes qui ne peuvent se payer d’atelier dans le circuit conventionnel de l’art et ont besoin d’une vitrine pour entrer en contact avec des galeristes.

En trois ans, l’endroit, mis à disposition par Habitat, propriétaire des murs, s’est imposé comme l’un des « artist-run spaces » les plus en vue. Traduction pour les non initiés : un espace d’exposition géré par les artistes eux-mêmes. Une tendance apparue dès les années 60 et qui connaît aujourd’hui une forte reconnaissance médiatique grâce à des collectifs très actifs tels que Curry Vavart ou Jeune Création.

 

Ni squat ni friche branchouille

Au Wonder, on ne se revendique ni comme un squat “anti-social” ni comme une friche culturelle “branchée”. “On n’est pas des squatteurs, juste des artistes qui avons besoin de partager des ateliers et envie de proposer quelque chose de différent”, résume Saeio, membre du Wonder depuis 2014.

Le Wonder à Saint-Ouen / © Le Wonder

Le Wonder à Saint-Ouen / © Le Wonder

Le Wonder à Saint-Ouen / © Le Wonder

Le Wonder à Saint-Ouen / © Le Wonder

 

Du Wonder tout court au Wonder-Liebert

Mais le 24 décembre dernier, il a fallu rendre les clefs de l’usine, vouée à être rasée. Le collectif n’a toutefois pas eu le temps de prendre de vacances, contacté dans la foulée par l’association Plateau Urbain, qui s’est donné comme mission d’identifier les locaux vacants pour y héberger des projets culturels. En l’occurrence, les anciens bureaux de l’entreprise Liebert, 1800 m² sur six étages et un parking extérieur, situés à Bagnolet (93) à cinq minutes à pied de la station de métro Gallieni.

Depuis sa création, Plateau Urbain a déjà joué les intermédiaires pour une quinzaine d’occupations légales, s’imposant comme un acteur majeur du secteur. Parmi ses principaux faits d’armes, l’implantation du village solidaire Les Grands Voisins dans l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris (14e).

Le projet du Wonder-Liebert promet d’être tout aussi surprenant. Alors que les salles sont encore en travaux, le collectif fourmille déjà d’idées parmi lesquelles la création d’un drive-in avec les vieilles voitures laissées sur le parking. “C’est l’architecture du bâtiment et les synergies entre les artistes qui feront l’identité du lieu. Le Wonder-Liebert n’est pas un simple déménagement, c’est une nouvelle expérience”, explique Saeio. En plus des ateliers privés, qui font l’objet à partir de ce 15 février d’un appel à projets, les autres espaces de ce squat légal se composent de trois studios son, d’un atelier bois et métal, d’un espace de tatouage, d’un atelier sérigraphie, d’une résidence pour les artistes internationaux et d’un restaurant avec toit-terrasse. “Cette deuxième occupation sera plus exigeante, plus précise concernant notre organisation interne, la fluidité des espaces et la sélection des artistes. On veut rester vigilants pour préserver notre indépendance, sans devenir hermétiques ”, détaille Saeio.

Le Wonder-Liebert à Bagnolet / © Le Wonder

Le Wonder-Liebert à Bagnolet / © Mona Prudhomme

 

C’est justement cette volonté de rester “en marge”, aussi bien sur la programmation que la localisation, qui attire galeries, musées et acteurs de l’événementiel parisien. Victime de son succès, la soirée d’inauguration du 20 février est déjà complète. Mais surveillez Facebook pour être au courant de la suite de l’aventure Wonder…