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Ces multipropriétaires qui détiennent 68 % du parc de logements des particuliers

Le quartier de la Madeleine à Paris / © Barnyz
Le quartier de la Madeleine à Paris / © Barnyz (Creative commons – Flickr)

Selon une étude de l'Insee, 24 % des ménages en France détiendraient les deux tiers des logements possédés par les particuliers. Ce que détaille Mathias André, co-auteur de l'étude, à Enlarge your Paris.

Qu’est-ce qui vous a permis de travailler sur les multipropriétaires ?

Mathias André : Le rapprochement de certaines sources à l’Insee nous a permis de créer une nouvelle base de données, ce qui nous a offert de nouvelles informations. Jusqu’à présent, nous n’avions pas d’enquête exhaustive sur ces ménages qui possèdent plusieurs propriétés immobilières…

Justement, pourquoi s’intéresser à ces multipropriétaires ?

À plusieurs titres. Cette nouvelle base de données nous permet d’étudier finement la concentration, c’est-à-dire la possession plus ou moins importante d’un nombre de biens, mais aussi l’usage qui en est fait, comme la résidence des propriétaires ou la location.

Existe-t-il un profil-type du multipropriétaire ?

Nous n’avons pas fait ce portrait-type parce que les choses évoluent en fonction du nombre de biens possédés. En revanche, si on se réfère aux chiffres de la population générale, on peut en déduire un certain nombre d’éléments. Nous observons,  par exemple, que les multipropriétaires sont davantage en couple que l’ensemble de la population, qu’ils sont plus aisés, et que la moitié d’entre eux ont entre cinquante et soixante-dix ans. L’Insee note également des écarts selon le genre. Quand le nombre de biens augmente, la proportion de femmes multipropriétaires célibataires diminue alors que celle des hommes reste assez stable. Au sein des couples, les logements appartiennent davantage aux hommes qu’aux femmes. 

Quel est le but de ces acquisitions ?

Notre étude ne s’appuie pas sur des données d’enquête qui nous auraient permis de répondre directement, mais sur des données administratives. Néanmoins, elles nous disent deux choses. D’abord, que la moitié des multipropriétaires ont un logement en location, contre 13 % de la population générale. Ensuite, qu’à partir du troisième logement acquis, c’est généralement dans un but locatif. Nous pouvons également étudier le cycle de vie : avant 35 ans, on mise sur la résidence principale. Ensuite, jusqu’à 70 ans, sur la résidence secondaire. Puis, à partir de 75 ans, on désépargne dans un souci de transmission ou de consommation.

Qu’en est-il de la situation en région parisienne ? Peut-on, par exemple, supposer que la banlieue, moins chère, puisse devenir le terrain de jeu de multipropriétaires débutants ?

Nousavons publié des cartes des grandes villes sans faire de focus locaux plus précis pour le moment. Mais c’est prévu par l’Insee. Nous pourrions également mener des travaux qui nous permettront de dire combien de personnes ont des biens et depuis combien de temps. Cela ne nous permettra pas d’évaluer l’attractivité d’un territoire, mais de prendre un instantané de la situation. Cette étude devrait être prête pour cette année ou le tout début de l’année prochaine.

Infos pratiques : L’étude 24 % des ménages détiennent 68 % des logements possédés par des particuliers est téléchargeable gratuitement sur insee.fr

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