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Avec le réchauffement, le risque de feux de forêt s’accentue en Île-de-France

La forêt de Rochefort dans les Yvelines / © CD78 - MC Rigato
La forêt de Rochefort dans les Yvelines où 4 hectares ont brûlé le 19 juillet dernier / © CD78 – MC Rigato

Depuis la fin mars, une trentaine d'hectares de forêt ont brûlé en Île-de-France. Un risque qui s'accentue depuis quelques années en raison notamment de la sécheresse. Ce qu'explique à Enlarge your Paris Sophie David, forestière à l'Office national des forêts.

Mardi 19 juillet, quatre hectares de forêt ont brûlé à Rochefort-en-Yvelines (Yvelines). Où en est-on sur le front des incendies dans les forêts franciliennes ?

Sophie David : Depuis la fin mars, nous avons eu à déplorer vingt départs de feu et une trentaine d’hectares de forêts ont brûlé. La nouveauté, depuis quelques années, c’est que toutes les forêts franciliennes sont concernées. À Fontainebleau, nous savons que, depuis 150 ans, les risques d’incendie sont élevés car le site est à la fois très sec et très fréquenté. Mais désormais, toutes les forêts peuvent être sujettes à cette problématique. Cela est lié à une baisse des réserves hydriques mais aussi à la déperdition des essences à cause des maladies et de la sécheresse. Il en résulte une présence accrue de bois mort et donc, logiquement, plus de « carburant » disponible pour provoquer un départ de feu.

Quelles sont les causes de ces départs de feu ?

Neuf feux sur dix sont liés à des imprudences. Le reste est d’origine criminelle, des pyromanes pour dire les choses. Allumer un feu a beau être interdit en forêt, des personnes continuent à faire des feux de bivouac ou à jeter des mégots. Des gens nous disent : « Oui, mais moi, j’ai l’habitude de faire des feux en forêt, il n’y a pas de risque… » En fait, si, il y a toujours un risque ! Voilà pourquoi il est important de rappeler les bonnes pratiques.

Que faut-il faire ?

De la sensibilisation ! Dans le sud de la France, cela fait déjà une vingtaine d’années que les gens sont alertés sur les risques d’incendie. Aujourd’hui, cette prise de conscience doit avoir lieu partout. On ne peut plus se dire : « dans le Nord, la question des feux de forêt ne se pose pas ». Je crois beaucoup à l’effet boule de neige. Une personne qui en sensibilise dix qui, elles-mêmes, en sensibilisent chacune dix autres… Au bout d’un moment, cela commence à faire du monde, et à rentrer dans les esprits !

Comment l’ONF s’adapte-t-elle à ces changements climatiques ? Faut-il intégrer de nouvelles essences d’arbres dans les forêts ?

Il est clair que les forêts françaises connaissent un véritable tournant. Nous nous appuyons sur les rapports du GIEC pour prévoir ces changements et nous y adapter. Nous avons, par exemple, des listes d’essences par région. Parce que nous savons qu’une forêt plus diversifiée sera plus résistante, aux incendies comme aux aléas. Aussi nous plantons beaucoup ces dernières années. Nous choisissons des essences déjà présentes dans les forêts mais qui sont en minorité. Je pense par exemple au chêne pubescent à Fontainebleau. On met aussi en place des atlas de dessertes pour permettre aux pompiers d’avoir plus facilement accès aux sites. On installe en forêt des citernes d’eau. Et, quand la vigilance est élevée, on interdit les travaux forestiers susceptibles de provoquer des étincelles et donc, de donner lieu à des départs de feu.

Justement, si, en tant que promeneur, on se trouve face à un départ de feu, comment doit-on réagir ?

Le premier réflexe, c’est d’identifier là où vous êtes via un numéro de parcelle, un nom de chemin ou encore votre géolocalisation grâce à votre portable. Si vous êtes sur un point de vue et que vous voyez au loin une colonne de fumée, essayez d’établir le plus précisément possible sa localisation. Puis appelez les pompiers au 112. Plus ils peuvent intervenir rapidement, moins le feu a de risques de s’étendre. Suivez les recommandations données par les pompiers et, évidemment, éloignez-vous ! Il nous arrive encore de croiser des randonneurs qui nous disent : « Au fait, j’ai vu une colonne de fumée il y a une vingtaine de minutes… » « Vous avez appelé les pompiers ? » « Ah ben non… » Or il faut le redire : contacter les soldats du feu est le réflexe numéro 1 à avoir.

Infos pratiques : plus d’infos sur onf.fr

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