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« Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer », une microaventure littéraire au siècle des Lumières

Gravure tirée du livre "Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre" / © BnF - Gallica
Gravure tirée du livre « Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre » / © BnF – Gallica

En 1748, l'auteur Louis-Balthazar Néel publiait "Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre", un pastiche des grands récits de voyage avec pour décor les pourtours de Paris. Un ouvrage à lire gratuitement sur le site de la BnF.

La microaventure serait-elle une invention du siècle des Lumières ? Au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle, un nouveau genre littéraire, le « voyage humoristique », s’amuse à détourner les codes des grands récits de voyage, comme Le devisement du monde de Marco Polo. Parmi les auteurs à s’illustrer dans ce genre singulier, Louis-Balthazar Néel (1695-1754) publie en 1748 Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre, un carnet de voyage burlesque avec pour décor les pourtours de Paris. L’ouvrage, consultable gratuitement sur le site de la BnF et qui rencontre un franc succès pour l’époque, sera réédité à trois reprises en l’espace de six ans malgré quelques critiques qui n’apprécient guère l’utilisation trop prononcée du latin et le fait que le Parisien soit tourné en ridicule.

Invité à se rendre dans une maison de campagne à Saint-Cloud, le héros du livre commence son périple en se préparant quatre jours durant, allant jusqu’à se munir d’une carte géographique, d’un compas et d’un pistolet tel un aventurier partant pour de longs mois sur des routes inconnues. Il prend même le temps d’écrire son testament, de payer ses créances à la blanchisseuse, au perruquier et à la fruitière avant de faire ses adieux à ses voisins, amis et parents qui pleurent à chaudes larmes. Puis vient le moment d’embarquer sur ce qu’il appelle la mer, qui n’est autre que la Seine, jusqu’à sa destination finale, Saint-Cloud.

Une réflexion sur le voyage

En chemin, il admire les palais de Constantinople, en réalité les demeures cossues d’Auteuil, confond les fumées noirâtres qui s’échappent des fours d’une verrerie avec les fumerolles du Vésuve, et se figure la découverte de l’île de la Martinique : « Je demandai si ce n’étoit point là ce qu’on appeloit dans ma Mappemonde l’Isle de la Martinique, d’où nous venoit le bon sucre et le mauvais caffé : on me dit que non, et que cette Isle (…) portoit aujourd’hui celui de l’Isle des Cignes ». Arrivé à bon port, il se plaît à respirer un air plus pur, allant même jusqu’à oublier Paris. Sous son vernis humoristique, Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre  nous enseigne que le cheminement est au moins aussi important que la destination.

Infos pratiques : Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud à Paris par terre, de Louis-Balthazar Néel  est consultable sur le site de la BnF. Et parce qu’il faut rendre à César ce qui est à César, précisons que cette découverte littéraire provient du compte Twitter du musée des Avelines à Saint-Cloud.

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