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Métropole, la pièce qui raconte le Grand Paris au Théâtre de Belleville

La vue sur La Défense depuis le Grand Parterre du château de Saint-Germain-en-Laye / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
La vue sur le Grand Paris depuis la grande terrasse du château de Saint-Germain-en-Laye / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Liane, Claire, William, Mehdi, Latifa, Xavier... Ce sont les personnages de « Métropole », pièce qui débute ce 6 mars au Théâtre de Belleville à Paris et qui donne à voir les transformations en cours de la région parisienne. Ce que dépeint le metteur en scène Arnaud Raboutet à Enlarge your Paris.

Pourquoi avez-vous eu envie de monter Métropole ?

Arnaud Raboutet : J’avais déjà rencontré Vincent Farasse, dont j’avais monté une pièce précédente, Passage de la Comète. Il s’agissait déjà d’une critique de la société contemporaine, mais avec des situations plus absurdes. Dans Métropole, j’ai retrouvé sa langue, toujours extraordinaire, mais inscrite dans plus de réalisme. Et puis, à l’origine, je suis urbaniste. Cette question de la métropolisation, du droit à la ville, me parlait.

Justement, quel sens donnez-vous au mot « métropolisation » ?

Il en existe plein de manifestations qui ne pourraient pas, pour autant, en constituer une définition juste. On pourrait évoquer les phénomènes de gentrification, de standardisation… Disons pour simplifier que c’est l’accélération du développement de très grandes villes. Dans Métropole, j’entends aussi le terme utilisé dans les relations entre la France et ses anciennes colonies, qui induit un rapport de domination. Pour moi, la métropolisation porte aussi ça : un rapport de force qui se joue dans le développement de la ville. En fait, on pourrait dire que la métropolisation, c’est la ville sans l’humain.

La pièce met en scène une galerie de personnages. Mais on pourrait dire que le Grand Paris en est un aussi. Sont évoqués le plateau de Saclay en mutation, l’arrivée du métro du Grand Paris Express…

Il ne s’agit pas juste de name dropping mais de mythologie. Parce que le Grand Paris, en plus des rapports sociaux, c’est une mise en récit. C’est aussi ce que met en avant l’installation vidéo utilisée dans la mise en scène. Cette métropole constitue une présence sur scène.

L’idée de la pièce est-elle de montrer comment des citadins, issus de milieux très différents, sont touchés par ces mutations urbaines ?

C’est effectivement ce qui est intéressant. Plutôt que d’être dans la théorie, Métropole montre un véritable bouillon social. Il y a un personnage qui a un capital financier énorme, des intellos précaires, un sous-prolétariat victime de l’« uberisation » du travail, des étudiants… On ne passe pas par des concepts comme la gentrification ou la relégation mais on montre des personnages qui sont au carrefour de leur existence.

La pièce demeure assez pessimiste quant à leur devenir…

Je crois que c’est moins univoque que cela. On ne finit pas sur une note désespérée, on ouvre la porte sur un autre monde. Oui, ce sont des gens qui se débattent, mais ils n’abandonnent pas leurs idéaux et chacun se débrouille comme il peut. Alors oui, nous sommes à l’inverse de l’image publicitaire qui voudrait que tout aille bien dans le meilleur des mondes. L’image de la métropole peut paraître écornée mais il demeure l’humanité : les personnages décident de ne pas subir l’isolement. L’espoir renaît de leur fraternité, de leur sororité, de cette entraide qui naît entre des gens qui prennent des décisions pour leur vie à venir.

Infos pratiques : Métropole au Théâtre de Belleville, 16, passage Piver, Paris (11e). Du 6 au 29 mars. Les lundis à 19 h, les mardis à 21 h 15 et les dimanches à 20 h. Tarifs : 26 € (tarif plein), 17 € (tarif réduit), 11 € (moins de 26 ans). Accès : métro Belleville (lignes 2 et 11). Infos et réservations sur theatredebelleville.com

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