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Les tours Choux de Créteil stars d’une expo photo dans l’ancien Tati de Barbès

Les tours Choux de Créteil font l’objet d’une exposition dans l’ancien magasin Tati à Barbès / © Jéromine Derigny pour Enlarge your Paris

Respectivement photographe et directrice artistique, Wendy Huynh et Jessica Pichet portent un magnifique projet, « Les choux de Créteil, les résidents au cœur d'un village », une exposition autour de ce quartier emblématique du Grand Paris, à voir du 10 au 20 novembre dans l'ancien magasin Tati de Barbès dans le 18e.

Comment avez-vous commencé à travailler sur les Choux de Créteil ?

Wendy Huynh : Je suis photographe et je m’intéresse depuis longtemps aux banlieues. J’ai créé Arcades, un magazine qui leur est consacré. En 2017, dans le cadre de ce travail, je rencontre Gérard Grandval, l’architecte des Choux, qui me raconte que, en 1998, un concours de dessin autour de ce quartier a été organisé avec une école du secteur. Peu après, je fais la connaissance de Jessica Pichet, directrice artistique, qui a habité aux Choux. Or il s’avère que c’est elle qui avait, à l’époque, gagné ce fameux concours. Nous décidons de travailler ensemble sur ces bâtiments qui sont emblématiques, y compris à l’international. Le sous-titre de l’exposition est « Les résidents au cœur d’un village ». Ce qui nous intéressait, c’était de savoir qui habitait là, comment on vit dans ce quartier. Nous voulions parler de l’architecture via les résidents. Nous avons donc non seulement pris des photos mais aussi enregistré des témoignages. L’exposition comporte aussi toute une partie consacrée aux archives. On voit par exemple la photo de mise en place de l’un de ces emblématiques balcons.

Contrairement à d’autres quartiers, les Choux bénéficient d’un capital sympathie assez fort. Comment l’expliquez-vous ?

Pour moi, cela tient à son architecture. Elle change des immeubles cubiques et rectangulaires dont on est coutumier en banlieue. Gérard Grandval a imaginé une forme organique, très florale. Et puis, durant longtemps, les voitures n’avaient pas le droit de passer au cœur du quartier. C’était donc un site très piéton dans lequel on se sentait bien. Avec une dimension village très forte.

Les choses ont-elles changé ?

Beaucoup d’habitants nous ont effectivement dit que c’était mieux avant. Ils évoquent des fêtes, des activités… Il y avait même un carnaval qui se déroulait dans tout le quartier. On voit bien aussi que les commerces des galeries marchandes éprouvent des difficultés. Les voisins se connaissent moins aussi… Mais cela bouge : l’été dernier, par exemple, une grande fête de quartier a de nouveau été organisée.

En plus de l’exposition, vous proposez ce week-end deux talks. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Samedi à 18 h, nous proposons un premier talk sur le thème « Être indépendant quand on vient de banlieue ». Y prendront part Adlane Djied de l’agence Bon Esprit, Rudy Aboab, le directeur de la radio Fip, les membres du collectif Kourtrajmeuf… L’idée est de réfléchir à la façon de monter son business, créer, s’émanciper quand on vient des quartiers. Puis, le dimanche à 17 h, la discussion tournera autour du thème « Fuir vers les capitales ou entreprendre en banlieue ? ». Seront notamment présents la DJ Tatyana Jane, mais aussi les membres de 530 Records, un label né au cœur du quartier des Choux et qui veut y rester. Durant ce week-end, nous proposons aussi des ateliers et nous exposons les dessins d’un concours mené en écho à celui de 1998 avec les enfants de deux écoles de Créteil. Exposer leurs dessins dans un centre culturel parisien, c’est une façon de légitimer leur travail.

Infos pratiques : Exposition « Les Choux de Créteil, les résidents au cœur d’un village » à l’Union internationale de la jeunesse, 2, boulevard Rochechouart, Paris (18e). Du 10 au 20 novembre. Inscription aux talks et aux ateliers via yurplan.com. Gratuit. Accès : métro Barbès-Rochechouart (lignes 2 et 4). Plus d’infos sur Instagram

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