
Un origami de bois à Saint-Denis, un gratte-ciel inversé à Villejuif : deux gares du Grand Paris Express viennent d'être sélectionnées parmi les sept plus belles du monde par le Prix Versailles, un prix d'architecture soutenue par l'UNESCO. La banlieue parisienne s'offre ainsi une double consécration avec deux des premières gares du métro du Grand Paris.
Deux gares du Grand Paris Express dans la short list mondiale. Saint-Denis Pleyel, signée par l’architecte japonais Kengo Kuma, et Villejuif-Gustave Roussy, imaginée par le Français Dominique Perrault, viennent de décrocher leur ticket pour la finale du Prix Versailles 2025. Elles figurent parmi les sept stations sélectionnées dans la catégorie des « plus belles gares du monde », annoncées lundi à Paris.
Deux univers, une même ambition
« Ces deux gares sont emblématiques de la diversité architecturale du Grand Paris Express », explique Pierre-Emmanuel Becherand, directeur Architecture et Culture du projet. Et pour cause : difficile de faire plus contrasté. À Villejuif, on plonge dans un univers d’inox, de verre et de métal. « Il y a quelque chose d’assez futuriste qui relève presque de la conquête spatiale », poursuit-il. À Saint-Denis Pleyel, tout l’inverse : le bois de chêne règne en maître, avec des espaces publics qui s’enroulent autour du bâtiment pour former une « colline » comme le dit Kengo Kuma.
Point commun entre les deux ? La lumière naturelle qui descend jusqu’aux quais, un enjeu majeur du Grand Paris Express. Et leur statut stratégique : Saint-Denis Pleyel sera la plus grande gare du réseau avec quatre lignes (14, 15, 16 et 17), tandis que Villejuif s’impose comme un hub majeur au sud de Paris avec les lignes 14 et 15.
À Saint-Denis Pleyel, l’architecte japonais a conçu une sorte d’origami géant en bois de chêne qui se déploie sur neuf niveaux. Le clou du spectacle : un atrium central qui fait descendre la lumière naturelle jusqu’à 30 mètres sous terre. À Villejuif-Gustave Roussy, Dominique Perrault a imaginé un « gratte-ciel inversé » – un cylindre de 70 mètres de diamètre qui plonge à 50 mètres de profondeur, coiffé d’une verrière spectaculaire.
Et parce qu’une grande gare mérite aussi de l’art, le programme « Tandems » associe systématiquement un artiste à chaque architecte. À Saint-Denis Pleyel, Prune Nourry installera 108 sculptures de Vénus. À Villejuif, Iván Navarro a créé un cadran solaire lumineux qui prend le relais là où la lumière naturelle s’arrête.
« On est très contents de recevoir ce prix pour ces deux gares qui ont été livrées juste avant les Jeux olympiques, et on espère vraiment que toutes les gares qui vont arriver par la suite seront aussi les plus belles du monde », confie Pierre-Emmanuel Becherand. Un optimisme qui n’a rien d’exagéré : dans moins de deux ans, presque la moitié du réseau sera livrée. De quoi multiplier les occasions de briller sur la scène internationale.
La compétition est relevée
Face aux deux pépites franciliennes : la gare Gadigal de Sydney, celle de Mons en Belgique, la gare de Baiyun à Canton, et deux réalisations à Ryad (KAFD et Qasr Al Hokm). Du beau monde. C’est d’ailleurs la première fois depuis le lancement du prix en 2015 qu’autant de grands noms de l’architecture mondiale figurent dans cette catégorie. Rendez-vous fin novembre pour connaître les trois lauréats qui recevront leur titre mondial lors d’une cérémonie au siège de l’UNESCO à Paris. En attendant, une chose est sûre : nos deux gares grand-parisiennes font déjà le job.

4 novembre 2025 - Saint-Denis