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Le Louvre renoue avec son histoire en accueillant des artistes en résidence

Le groupe Feu! Chatterton entame une résidence au Louvre jusqu'à fin mai / © 2023 Musée du Louvre - Olivier Ouadah
Le groupe Feu! Chatterton entame en ce mois de mars une résidence au Louvre jusqu’à fin mai / © 2023 musée du Louvre – Olivier Ouadah

Résidence royale pendant quelque 200 ans avant de devenir musée après la Révolution, le Louvre comptait alors une trentaine d'appartements réservés aux artistes. Une présence avec laquelle le musée entend renouer en relançant les résidences artistiques. Ce que nous explique Arthur Binois, programmateur du Louvre, alors que les membres du groupe Feu! Chatterton viennent tout juste de prendre leurs quartiers entre les murs du musée et qu'ils offriront au public un premier événement le 31 mars.

En initiant ces résidences de création pour des artistes au sein même du musée, le Louvre cherche-t-il à renouer avec son histoire ?

Arthur Binois : Effectivement. Avant de devenir un musée en 1793, le Louvre était l’une des résidences des rois de France. Or de nombreux artistes y vivaient. Dans la Grande Galerie, 26 appartements avaient d’ailleurs été aménagés pour des peintres, des musiciens, des sculpteurs… Pendant deux cents ans, le Louvre a donc été habité par des artistes.

En choisissant Feu! Chatterton pour cette première résidence, quel message vouliez-vous faire passer ?

Il s’agissait d’envoyer un message fort à un public que nous voulons voir revenir au musée : le public de proximité, les habitants de l’Île-de-France. Il apparaît que, pour eux, le Louvre est un lieu trop fréquenté, difficile d’accès. En conviant Feu! Chatterton, nous invitons des artistes locaux puisqu’ils sont tous originaires de la région. Par ailleurs, en termes d’esthétique, cela ne s’est pas encore beaucoup fait d’intégrer les musiques actuelles au Louvre. Cela permet donc de faire tomber des barrières symboliques. D’autant que, comme le souligne Arthur Teboul, le chanteur du groupe, en son temps, Le Caravage était lui aussi un artiste underground !

En quoi consiste exactement cette résidence ? Les membres du groupe vont-ils pouvoir déambuler dans le musée comme bon leur semble pour y trouver l’inspiration ?

Ils vont en effet avoir un badge comme n’importe quel agent du musée. Et ils bénéficient d’un studio où travailler. Ils vont donc pouvoir mener un vrai travail de création. Ils pourront aussi être en contact avec l’équipe scientifique du Louvre. Nous sommes actuellement en train de terminer l’emménagement : leurs instruments de musique sont arrivés dans le studio et ils en prendront possession dès demain matin (mercredi 22 mars, NDLR).

 

Cette résidence va donner lieu aux concerts du vendredi : quatre nocturnes musicales dans les salles du musée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le groupe va choisir quatre salles très différentes. Chaque vendredi donnera lieu à une proposition musicale qui entrera en résonance avec l’espace choisi. Il s’agira d’un format court où le groupe aura carte blanche pour inviter et présenter un autre artiste à y jouer. Il se peut qu’ils partagent la scène mais ce ne sera pas une obligation. L’idée est, pour Feu! Chatterton de faire découvrir au public son univers artistique, les artistes avec lesquels ils travaillent et qu’ils apprécient. Cela permet de créer un véritable écosystème artistique. Une semaine avant le concert, nous mettrons les billets en vente. La jauge dépendra évidemment de la salle. Et le ticket donnera accès au Louvre pour la journée.

Pouvez-vous d’ores et déjà nous dire quelles salles ont été choisies ?

Nous ne les dévoilerons qu’au dernier moment. Et puis c’est encore un peu tôt : la résidence commence à peine. Je sors d’ailleurs tout juste d’une visite avec les membres du groupe, ils sont encore dans une phase d’absorption.

Il y aura également trois concerts de sortie de résidence, fin mai, à l’auditorium du musée. Quelle forme prendront-ils ?

Là encore, c’est un peu tôt. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il ne s’agira pas d’un concert classique de Feu! Chatterton et qu’on y entendra beaucoup de choses nouvelles !

Avec ce nouveau dispositif, s’agit-il de poursuivre aussi une logique d’inscription du Louvre dans la pop culture ? On pense notamment au clip de Beyoncé et Jay-Z, Apeshit, tourné dans vos murs…

tourné dans vos murs…

Mais le Louvre s’inscrit déjà dans la pop culture ! Pensez au nombre d’œuvres exposées auxquelles il est fait référence dans les films, les livres, les clips… Il s’agit davantage d’assumer cette image qu’il a déjà. Mais, cette fois, c’est nous qui prenons l’initiative en étant à l’origine d’une programmation. D’ailleurs, pour les publics que la démarche intéresse mais qui ne pourront pas venir jusqu’au musée, nous capterons et retransmettrons sur notre site certains des événements. Par ailleurs, nous produisons un documentaire qui retracera le déroulé de la résidence.

Combien d’artistes pensez-vous accueillir en résidence chaque année ?

Nous n’avons pas d’objectif chiffré. L’idée, avec ces résidences, est de s’ouvrir à tous les publics et à tous les types d’artistes. Écrivains, musiciens, plasticiens… Ce sera à chaque fois du sur-mesure. Nous sommes au début d’une riche programmation.

Avez-vous déjà choisi l’artiste qui succédera à Feu! Chatterton ?

C’est encore confidentiel.

Son domaine d’expression au moins… Le cinéma ? La danse ? L’écriture ?

Joker !

Infos pratiques : Feu! Chatterton au Louvre du 31 mars au 31 mai. Concerts du vendredi le 31 mars et les 14, 21 et 28 avril. Master class le 22 mai à 18 h 30. Concerts de fin de résidence les 22, 23 et 25 mai. Accès : métro Palais royal – Musée du Louvre (lignes 1 et 7). Infos et réservations sur louvre.fr

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