Culture
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« L’art est un moyen de faire parler les travaux du métro du Grand Paris Express »

Des portraits d'habitants réalisés par le photographe sur le chantier du Grand Paris Express à Vitry /  © Société du Grand Paris
Des portraits d’habitants réalisés par le photographe JR sur le chantier du Grand Paris Express à Vitry / © Société du Grand Paris

Le 12 octobre à Saint-Denis, le Grand Paris Express organise sa 7e fête de chantier depuis 2016, "KM7 - Nuit sur le chantier !". L'occasion de revenir sur la philosophie de ces événements avec Pierre-Emmanuel Bécherand, directeur général du Fonds de dotation pour l'art et la culture du Grand Paris Express.

Quel est le but des « KM »,  ces fêtes organisées sur les chantiers du métro du Grand Paris Express ?

Pierre-Emmanuel Bécherand : Notre idée, c’est d’ouvrir la « boîte noire » des chantiers, qui sont par définition des espaces cachés et fermés aux habitants. Des chantiers, les riverains n’en perçoivent généralement que les nuisances, le bruit, les vibrations, la poussière et les camions. Dès lors, comment pourraient-ils se sentir impliqués dans le projet du Grand Paris Express ? Les chantiers en fête ont clairement une dimension pédagogique. Ils doivent aider à prendre conscience de ce qui se trame derrière les palissades. 

Pour autant, les « KM » ne sont pas des journées portes ouvertes, mais des événements culturels…

Il s’agit en effet d’investir les chantiers avec de l’art pour les sublimer. L’art est pour nous un moyen de faire parler les travaux, de partager des émotions. Le temps d’une journée ou d’une soirée, on veut offrir un moment féerique aux habitants, les rencontrer. En organisant ces fêtes, en diffusant l’art dans la rue, on s’adresse à tout le monde, y compris à ceux qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les musées ou les galeries.  

Comment se fait le lien entre l’art et le chantier ?

La performance artistique se doit de faire écho à la performance technique de chaque chantier. Lors de notre premier KM à Clamart en 2016, l’artiste Dominique Boivin avait dansé avec une pelleteuse. Le 12 octobre, pour KM7 à Saint-Denis – La Plaine, nous présenterons « Sucre cristal n°3 », une  usine à barbe à papa mobile monumentale conçue avec du matériel de chantier par l’artiste Vivien Roubaud. Cette œuvre de plus de cinquante mètres de haut projettera dans les airs un méli-mélo de filaments blancs aussi beaux que comestibles. Pour les artistes, nos chantiers sont des commandes très spéciales, des moments uniques.

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KM1 à Clamart pour le lancement des travaux du métro du Grand Paris Express / © S_D'halloy
KM1 à Clamart pour le lancement des travaux du métro du Grand Paris Express en 2016 / © Société du Grand Paris

En parallèle des « KM », vous êtes également en train de constituer une collection d’oeuvres d’art…

Nous menons en effet une politique de commandes qui permettra d’installer une œuvre spectaculaire dans chacune des 68 gares du Grand Paris Express. Cette collection que nous constituons confèrera aux lignes de métro une dimension esthétique, pour le plaisir des Franciliens mais aussi des touristes du monde entier.

Votre métier, c’est de construire un métro. Pourquoi est-ce important pour vous de parler de culture ?

Tous les grands projets urbains, de logement ou de métro qui ont traversé le temps ont fait appel à des créateurs et des artistes. Nous concevons des gares les plus fonctionnelles possibles mais nous souhaitons aussi qu’elles fassent partie intégrante du patrimoine. Nous pensons apporter une contribution à la vie culturelle d’aujourd’hui et au patrimoine de demain. Cette politique artistique doit aussi nourrir l’imaginaire métropolitain, donner de la chair au Grand Paris. La métropole forme un tout, qui peut être traversé par un métro mais aussi par une vision artistique.

Comment votre politique culturelle intègre-t-elle les acteurs culturels de banlieue ?

La programmation des KM fait largement appel aux talents de banlieue. Nous nous projetons également à long terme, lorsque le métro roulera. Il y a trois ans nous avons fait une étude pour identifier tous les lieux culturels à moins de cinq minutes à pied des futures gares du Grand Paris Express. Nous en avons listé près de 300, et encore, sans compter les lieux éphémères ou peu ouverts au public. Ce dont on se rend compte, c’est que l’on a dans le Grand Paris le réseau culturel le plus dense au monde au vu du nombre de cinémas, de théâtres, de salles de concert, de galeries ou encore de lieux hydrides. Le futur réseau du métro participera au Grand Paris culturel avec ses bâtiments et ses œuvres, mais aussi en rendant les lieux culturels de banlieue plus accessibles en transports en commun. C’est pour nous un motif de fierté. 

Infos pratiques : « KM7 – Nuit sur le chantier ! », rue Paul Lafargue, Saint-Denis (93). Samedi 12 octobre de 18h à 23h. Entrée libre. Accès : Gare de La Plaine – Stade de France RER B. Plus d’infos sur Facebook. Dans le cadre de KM7, une randonnée urbaine organisée par Enlarge your Paris aura lieu entre la Petite Ceinture à Paris et le chantier du métro à Saint-Denis. Départ à 16h samedi 12 octobre du Hasard ludique dans le 18e. Gratuit. Infos et inscriptions sur eventbrite.fr

KM3 à Champigny-sur-Marne en 2018 / © Société du Grand Paris - Florence Joubert
KM3 à Champigny-sur-Marne en 2018 / © Société du Grand Paris – Florence Joubert

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