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« En place », la série Netflix qui imagine un candidat à la présidentielle venu de banlieue

Le comédien et auteur Jean-Pascal Zadi incarne un candidat à la présidentielle dans la série "En place" sur Netflix / © Gaël Turpo - Netflix
Le comédien et auteur Jean-Pascal Zadi incarne un candidat à la présidentielle dans la série En place sur Netflix / © Gaël Turpo – Netflix

Elle se classe numéro un des séries sur Netflix cette semaine. « En place », de et avec Jean-Pascal Zadi, narre l'histoire d'un animateur de banlieue parisienne qui se retrouve propulsé sur le devant de la scène médiatique en candidat à la présidentielle. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard s'est laissée séduire.

Il suffit parfois d’un rien. D’une petite phrase pour vous propulser devant les caméras et, dans le même temps, dans la course à la présidentielle. C’est ce qui arrive à Stéphane Blé, héros imaginé et interprété par Jean-Pascal Zadi, pour sa nouvelle série En place, actuellement diffusée sur Netflix. Stéphane, donc, est animateur jeunesse à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le maire de sa commune, Éric Andréi (Benoît Poelvoorde), est candidat à la présidentielle et parade sur la dalle, entouré d’une escouade de micros et de caméras. Voilà Stéphane qui l’alpague, le met en boîte. La séquence tourne sur les chaînes de télé et les réseaux, et Stéphane se retrouve propulsé potentiel homme providentiel du scrutin, crédité, en quelques phrases, de 4 % des intentions de vote.

Monsieur Toutlemonde lancé dans l’arène politique ? La recette n’est pas neuve quand on se souvient par exemple du mythique film de Frank Capra, Mr Smith au Sénat, avec James Stewart. Des décennies plus tard, la formule fonctionne toujours. Et on s’amuse à trouver les ponts entre fiction et réalité. Éric Andréi, maire de gauche parachuté dans une ville de banlieue, nourrit quelques ressemblances avec Manuel Valls en son fief d’Évry (Essonne). On se demande d’ailleurs si le fait de faire jouer le plus proche conseiller d’Andréi par Panayotis Pascot ne relève pas du clin d’œil. Le comédien est en effet le fils de celui qui fut adjoint à la culture de Valls. Quant à Corinne Douanier (Marina Foïs), la candidate écoféministe, elle évoque inévitablement Sandrine Rousseau.

Une farce efficace sur les travers de notre temps

Si la série s’arrêtait à une sorte de jeu des ressemblances, le tour en serait vite fait. Mais elle donne autre chose à voir. Elle brocarde cette manie des politiques d’aller chercher, une fois tous les cinq ans, ces voix issues des banlieues pour les oublier sitôt le second tour passé. Elle met aussi en avant l’aspiration des quartiers populaires à participer au fonctionnement démocratique, eux qu’on limite souvent à leur taux d’abstention. Ni moralisatrice ni angélique, la série surligne les maux dont souffre notre système politique. Et propose une farce efficace sur les travers de notre temps. Ce qu’on attend d’une bonne comédie, en somme.

Infos pratiques : « En place » de et avec Jean-Pascal Zadi. Avec aussi Benoît Poelvoorde, Marina Foïs, Éric Judor… À voir sur Netflix

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