Enlarge your Paris et Transilien SNCF s’associent pour vous faire découvrir l’Île-de-France avec #Cpasloinentrain
Parcours au départ de la gare des Mureaux (ligne J) ou de Meulan-Hardricourt (ligne J) jusqu’à la gare de Triel (ligne J), avec une possibilité de reprendre le train en gare de Vernouillet-Verneuil (ligne J) au kilomètre 8. Itinéraire de 16,5 km (sentiers et chemins ruraux : 50 % / trottoirs et voies de halage : 50 %).3 h de marche. Parcours à télécharger ici en format GPX / GPS et à découvrir lors d’une randonnée #Cpasloinentrain le samedi 23 novembre. Inscription gratuite ici
En prenant le train à Saint-Lazare (9e), on est déjà en pays impressionniste. C’est la gare où Claude Monet a peint l’enthousiasme des grands départs dans la vapeur bleue et blanche des locomotives montant vers un ciel plein de soleil. Ce tableau, c’est son ami peintre Gustave Caillebotte qui l’a acheté : ce Caillebotte sur les traces duquel on part aujourd’hui.
Je quitte Paris, donc, comme les peintres impressionnistes, comme tant de Parisiens l’ont fait après la grande poussée des lignes de chemin de fer vers la fin du XIXe siècle pour découvrir les bords de Seine campagnards et le grand air. 56 minutes plus tard, je descends à la jolie gare rouge et blanc de Meulan-Hardricourt (Yvelines) et marche vers la Seine. Ce n’est pas le meilleur jour pour une promenade. Le ciel est gris et l’eau du grand fleuve, verdâtre. Lors de tels jours, il faut penser à Monet, encore lui. Ce peintre qui peignait le même sujet encore et encore – la cathédrale de Rouen, les nymphéas de son jardin à Giverny et, oui, la gare Saint-Lazare – aux heures différentes de la journée, dans des conditions météorologiques différentes. Pour lui : point de « mauvais temps », seulement différentes nuances de lumière.
Mais bon, il ne fait vraiment pas beau. Pire : au cas où on aurait voulu voir une régate, il n’y a pas un souffle de vent pour gonfler les voiles. Je traverse la Seine là où il y avait, aux Jeux olympiques de 1924, des épreuves nautiques. Ici on navigue pour le plaisir depuis le XIXe siècle. C’est là qu’en France est née la « plaisance ». Les deux grands clubs nautiques de la première heure existent toujours et, très souvent, il y a des régates qui égayent l’eau de voiles blanches et de fanions de toutes les couleurs.
Les joies du canotage
Je descends du pont aux Mureaux (Yvelines), tourne à gauche sur le chemin au bord de l’eau et tombe, presque tout de suite, sur une très jolie construction en bois peint couleur crème. Il s’agit du Club House du Cercle de voile de Paris. Caillebotte, déjà canoéiste enthousiaste dans les années 1870, a été initié à la voile par son ami impressionniste Alfred Sisley. Dès 1879, il commence à remporter des régates importantes. Peu après avoir intégré le Cercle de voile de Paris que fréquentaient déjà Monet et Manet aussi bien que Sisley, il en est devenu le vice-président. À l’origine situé à Argenteuil (Val-d’Oise), près de là où Caillebotte s’était installé au bord de la Seine en 1881, le Cercle déménage ici aux Mureaux où le fleuve est plus large et les vents, meilleurs. Caillebotte dessinait déjà des voiliers. Le Roastbeef, par exemple, qui est devenu l’un des voiliers du Cercle. Où l’encore plus magnifique Condor : un clipper très long avec une surface de voile très étendue, qu’on voit au premier plan dans son célèbre tableau La Seine à Argenteuil, lui-même à la barre. Et Caillebotte n’a pas seulement dessiné quelques-uns des bateaux du Cercle mais également ce Club House.
On peut dire qu’il était doué aussi comme architecte. Il lui a donné une très grande terrasse en mezzanine avec bien sûr une belle vue sur la Seine. Puisque la plaisance, à ses débuts du moins, n’était pas seulement une affaire de navigation : on venait « canoter », c’est-à-dire aussi boire, chanter et passer du bon temps avec les dames. Mais avant que le Club House ne voie le jour, l’impressionniste-navigateur meurt à l’âge de 45 ans, emporté par une congestion cérébrale alors qu’il peignait un paysage dans son jardin. Je toque à la porte du Club House. Personne. Le lieu a même l’air un peu délabré. Beau mais délabré. Et puis je tombe sur un panneau qui explique qu’il est en lice pour profiter d’une aide à la rénovation grâce au Loto du patrimoine. On lui souhaite bonne chance !
Je continue ma balade et découvre le deuxième club de voile des Mureaux, vénérable lui aussi mais en bien meilleur état : le Yacht-Club d’Île-de-France (YCIF). Ici, il y a du monde mais les yachtmen et yachtwomen rongent leur frein, scrutent le ciel, lèvent des doigts mouillés. On régate quasiment tous les week-ends au YCIF mais aujourd’hui, faute de vent, ses jolis voiliers, souvent très anciens et toujours avec des coques en bois, vont rester dans leur hangar. Les fanions qui marquent la ligne de départ des courses pendent, flasques comme des chaussettes humides. Le YCIF possède, lui aussi, un très noble Club House qui date de 1929. Il est ouvert au public puisqu’il contient un bar agréablement british et un restaurant, Les Voiles, où l’on peut déjeuner plutôt gastronomiquement toute la semaine sauf le lundi et dîner les week-ends.
La tête dans les étoiles
À admirer aussi depuis le chemin qui borde la Seine : les chaumines. Ce sont de curieuses petites bâtisses à colombages construites dans les années 1920 par les ouvriers qui travaillaient sur la construction du club afin de s’y loger pendant les travaux. Allez, il est temps de faire quelques kilomètres. Marchons ! En longeant la Seine, je passe devant des installations tout aussi extraordinaires que les clubs de voile : c’est le site francilien principal d’ArianeGroup, le constructeur de fusées. À côté de là où Caillebotte dessinait ses vaisseaux aquatiques, on conçoit maintenant des vaisseaux spatiaux. Étaient construites sur ce site les structures métalliques pour le lanceur Ariane 6 et le missile balistique M51. S’y trouve aussi le centre de commande et de contrôle de son réseau mondial de surveillance spatiale Helix. Ici, on ne plaisance plus.
À droite du chemin, on voit, derrière les hautes barrières de sécurité, des bâtiments bleu et blanc impressionnants par leur taille et leur netteté, qui contiennent des simulateurs, des lignes d’assemblage… À gauche, c’est le port Magellan, d’où sont partis sur la Seine les étages principaux des fusées Ariane 5. Bien trop grandes pour être transportées par la route, ces grosses pièces de fusées ont été acheminées d’ici au Havre par le fleuve avant de traverser l’Atlantique pour gagner la base de lancement en Guyane.
Dépassant les locaux d’ArianeGroup, j’entre dans la très grande et verte base de loisirs du Val de Seine. Pendant un long moment, je marche sur un bras de terre avec de l’eau de chaque côté. À droite, un étang paisible où un pêcheur avance dans un bateau hors-bord sous l’œil d’un cormoran. À gauche coule la Seine dans des paysages peints inlassablement par les impressionnistes. Bientôt je serai à la gare de Vernouillet (Yvelines) ; mais avant que je n’arrive le vent se lève un peu et, sur la surface de l’eau troublée pour la première fois aujourd’hui, se forment des vaguelettes qui ressemblent – mais si, c’est vrai ! – à des coups de pinceau.
Infos pratiques : parcours à télécharger ici en format GPX / GPS et à découvrir lors d’une randonnée #Cpasloinentrain le samedi 23 novembre. Inscription gratuite ici
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17 novembre 2024 - Les Mureaux