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Le bal folk est mort, vive le bal folk ! Ou comment le Mange Bal réinvente une tradition populaire

Ringard, le bal accordéon ? Allez, viens donc danser ! Depuis quelques années, la musique folk connait un vrai revival avec une synthèse musique tradi et électro. Théodore Lefeuvre, musicien et organisateur du Mange Bal, explique comment la tradition musicale se réinvente avec l'électro-trad et des événements festifs, intergénérationnels et terriblement dansants.

Le mange bal DR

Pourquoi organiser des bals folkloriques aujourd’hui ?

Théodore Lefeuvre : Parce qu’on en manque cruellement ! Dans notre société, on a besoin de lieux pour se rencontrer : les bars, les marchés, les cantines… Le bal, lui, répond à un besoin fondamental de contact et de lien. On y danse ensemble, toujours dans le respect et le consentement, et on y retrouve une forme de transe collective, à l’opposé de la transe individuelle qu’on peut vivre en club. Et puis le bal folk est inclusif : on peut venir seul, simplement écouter la musique ou se laisser entraîner dans la danse. C’est intergénérationnel, ouvert et bienveillant. En plus, les bals que nous organisons sont « néo-trad », c’est-à-dire qu’ils incluent dans des musiques traditionnelles l’utilisation d’outils électroniques qui modernisent un peu les sonorités et peuvent toucher de nouveaux publics.

Quel est le principe des bals folk que tu organises ?

J’organise des bals avec l’un de mes groupes, Le Mange Bal, qui est celui qui a le plus tourné à Paris. On a commencé à jouer dans de petits lieux, puis au Cirque Électrique avant d’investir le Point Fort d’Aubervilliers (93) et la Marbrerie à Montreuil (93). Mon père jouait de l’accordéon diatonique à Saint-Gervais, au Grand Bal de l’Europe. C’est là que j’ai découvert cette culture. En parallèle, je faisais de la musique électronique, et à un moment, ces deux univers se sont rencontrés. Aujourd’hui, on organise deux grands événements avec de la musique live : le Bal Électrique avec une ambiance détendue et des musiques néo-trad et électro-trad et le Bal Fantasy Klub où l’on plonge la soirée dans un univers médiéval avec costumes, artisans et tirages de tarot par des magiciens.

Chaque soirée commence par une initiation aux danses traditionnelles, qui se font aussi en milieu de soirées lors de certaines danses méconnues. L’idée, c’est que personne ne soit laissé de côté : tout le monde peut participer, même les débutants. On apprend sur le tas, sans se prendre la tête ; au pire on se trompe de mouvement, et ça n’est jamais grave !

Y a-t-il un retour du bal folk ?

Depuis 2018, on sent un vrai engouement. Avant, c’était un milieu un peu niche, alors qu’aujourd’hui le bal folk attire un public beaucoup plus divers : des jeunes, des curieux, des amateurs de musiques actuelles… Les musiciens eux-mêmes ont dû s’adapter à cette ouverture, en travaillant sur l’accessibilité et la diversité des événements. Et puis il y a plein d’approches différentes : certains restent très « trad », d’autres explorent des formats plus hybrides, comme nous avec le bal électro-trad. L’idée, c’est avant tout d’utiliser un langage musical personnel : pour moi, c’est l’accordéon et les machines. On va bientôt travailler avec un groupe qui utilise un accordéon et un violon ; c’est une approche différente, mais ça va tout autant envoyer !

Quelles sont vos recommandations de bals folkloriques en Île de France ?

Je conseillerais d’abord le Paris Bal Folk qui organise des bals et des initiations plusieurs fois par mois à Paris, ainsi que le Jam du Dorothy (20e) qui a lieu tous les mercredis. Sinon, il y a aussi le collectif Bal en soir situé à Versailles (Yvelines), ou Le Teknibal qui se produit souvent à Massy–Palaiseau (Essonne). Pour avoir toutes les informations, le mieux est de se renseigner sur l’agenda trad, un outil qui répertorie tous les bals folks en France. Pour nous retrouver plus spécifiquement, il suffit de suivre les réseaux du Mange Bal, ainsi que du Bal Électrique, dont les prochaines dates sont le 7 février au Point Fort d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et le 22 mars à L’Espace culturel André-Malraux – Théâtre du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) et du Bal Fantasy Klub, dont la prochaine date est le 14 novembre à la Marbrerie de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Le Mange Bal. DR

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