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Ces Franciliens qui partent en camping sans quitter l’Île-de-France

Le camping écologique de l'île de Boulancourt en bordure de la forêt de Fontainebleau / © Camping de l'île de Boulancourt
Le camping écologique de l’île de Boulancourt en bordure de la forêt de Fontainebleau / © Camping de l’île de Boulancourt

Un week-end au vert à côté de chez soi ? C’est ce que font désormais de plus en plus de Franciliens : familles, cyclistes, marcheurs, salariés en télétravail, mais aussi pas mal de curieux de la vie au grand air… Le camping dans le Grand Paris ne semble plus réservé aux touristes de passage.

« On se serait cru dans Blanche Neige avec l’ambiance petits oiseaux au réveil », se souvient Eugénie à propos de son  week-end en famille au camping Huttopia à Rambouillet (Yvelines). Alors que le camping n’est de son aveu « vraiment pas son truc », cette maman qui habite le 93 a justement apprécié ne pas avoir à transporter tentes et réchaud dans le Transilien. « Le côté tout confort, c’est ça l’intérêt du « glamping », le camping glamour. On a juste apporté quelques victuailles et des marshmallows à déguster au coin du feu. On a pu se concentrer sur les balades en forêt et les ados ont pu enchaîner les parties de ping-pong dans le camping. » Ana, habitante du 19e arrondissement, avoue, elle, aimer se rendre chez Huttopia le temps d’une journée. Avec son mari et son fils, elle y retrouve régulièrement des amis pour profiter de la piscine et du calme de la nature « apprivoisée ». « Notre fils peut se défouler autant qu’il le veut au milieu de la nature, et le lieu est sécurisé. On sait qu’il ne peut pas se perdre, c’est rassurant », explique-t-elle.

Se retrouver au calme… et au frais

Beaucoup viennent chez nous pour se retrouver au calme, dans la nature, mais aussi dans un environnement moins chaud. « Fin août, j’ai dû me rendre à Paris. Le thermomètre de ma voiture affichait 27 degrés sur le périph quand il est descendu à 21 dans le camping, au bord de l’eau », note Jérôme, le propriétaire du camping écologique de l’île de Boulancourt (Seine-et-Marne). Contrairement à Huttopia, ce camping ne propose pas de piscine, mais les réservations vont néanmoins bon train. « Nous allons même devoir racheter des vélos, car ils sont pris d’assaut par les campeurs du week-end. D’autres viennent à vélo de chez eux en prenant le RER ». Même son de cloche du côté du camping des Rives de Paris (Seine-Saint-Denis), sur une île de la Marne : « Nous accueillons beaucoup de Franciliens qui viennent pour se retrouver dans un site naturel, dans la fraîcheur du bord de l’eau. Et le vélo est une solution géniale pour découvrir les bords de Marne. L’été, nous avons d’ailleurs de nombreux cyclistes qui viennent juste pour le week-end ! » se réjouit Houssine, le réceptionniste du camping.

Tout comme Eugénie et les siens à Huttopia, des Franciliens se sont tournés vers ce type de week-end à la sortie du confinement en 2020, quand on ne pouvait pas encore se déplacer à plus d’une heure de chez soi. Aujourd’hui, l’obligation a sauté mais le cliché d’une Île-de-France non verte semble peu à peu s’estomper.

Chalet au camping Huttopia dans la forêt de Rambouillet / © Huttopia
Chalet au camping Huttopia dans la forêt de Rambouillet / © Huttopia

Une image du camping en mutation

Si plusieurs gérants de camping franciliens se réjouissent de la hausse des réservations, la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA) la confirme. Effet post-covid ou changement des mentalités ? « Entre la crise sanitaire, le prix de l’essence, la prise de conscience écologique et les températures parfois insoutenables de villes très minérales du Grand Paris, les Franciliens se tournent plus volontiers vers ce type de week-end », explique Benoît Decagny, le président Île-de-France de la FNHPA. Selon ce professionnel du camping, la tendance était déjà présente dès les années 2000, mais la crise sanitaire et la multiplication des canicules n’ont fait qu’accélérer les choses.

Selon la FNHPA, l’image du camping a également évolué, notamment auprès des CSP+ qui se tournaient plutôt vers l’hôtellerie classique ou la location de maisons pour davantage de confort. « Même les entreprises organisent désormais leurs séminaires dans les campings franciliens ! », note Benoît Decagny. Avec la multiplication des bungalows, l’évolution des infrastructures dans les campings, le boom du vélo, « on remarque que toutes les classes sociales se tournent vers ce type de vacances et de week-end. Finalement, on n’a rien inventé, on retrouve l’esprit des années 20 ou 30 quand on allait prendre l’air au bord de la Marne, de l’Oise ou de la Seine, le temps d’un week-end ».

L’esprit village

Si le camping est associé à la vie au grand air, il permet également aux gens de se rencontrer, comme le raconte Jérôme du camping de l’île de Boulancourt qui note une recrudescence de familles monoparentales : l’occasion pour les enfants de s’adonner à de nombreux sports dans la nature, et pour les parents solo de ne pas se sentir isolés dans une location ou un hôtel. Aux Rives de Paris à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), des planchas et quelques tables à l’abri des intempéries ont été installées. « Forcément, on parle avec son voisin, des affinités se créent et la solidarité est toujours présente entre campeurs », explique Houssine.

À côté des campings, de plus en plus de fermes accueillent les campeurs, comme c’est le cas pour Jean-Baptiste, propriétaire de la Ferme des 4 étoiles à côté de Rambouillet (Yvelines) : « Nous avons ouvert la ferme aux campeurs en 2022 et avons installé une cuisine d’été ainsi que des sanitaires tout confort. Nous sommes désormais bien référencés et beaucoup de cyclistes, de propriétaires de vans et de familles en balades s’arrêtent chez nous spontanément ou lorsque les campings sont complets. Le week-end dernier, une jeune maman venue de Plaisir (Yvelines) a campé chez nous avec ses deux filles ; une réservation de dernière minute née d’une envie soudaine de prolonger l’été. » Vu les températures, les tentes devraient attendre encore un peu avant de commencer leur hibernation.

Infos pratiques : retrouvez la liste des campings en Île-de-France sur campingfrance.com

Le camping Les Rives de Paris à Neuilly-sur-Marne est le seul camping du 93 / © Camping Les Rives de Paris
Le camping Les Rives de Paris à Neuilly-sur-Marne est le seul camping du 93 / © Camping Les Rives de Paris

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