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Césure, une nouvelle friche de 25 000 m2 au cœur de Paris

En attente de sa réhabilitation, l'ancien campus de Sorbonne-Nouvelle à Censier va abriter une friche de 25 000 m2 au coeur de Paris / © Yes We Camp
En attente de sa réhabilitation, l’ancien campus de Sorbonne-Nouvelle à Censier va abriter une friche de 25 000 m2 au cœur de Paris / © Yes We Camp

Ensemble, ils ont créé et animé pendant cinq ans la friche des Grands Voisins dans l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. Plateau Urbain et Yes We Camp remettent ça cette fois dans les anciens locaux de la fac Sorbonne-Nouvelle dans le 5e arrondissement. Enlarge your Paris s'est entretenu avec Victor Houillon de Plateau Urbain avant l'ouverture au public du site mi-février.

Césure est installé dans les anciens locaux de la fac Sorbonne-Nouvelle à Censier dans le 5e. Comment vous êtes-vous retrouvés là ?

Victor Houillon : L’État, via l’Établissement public d’aménagement universitaire de la région Île-de-France (EPAURIF), se donne deux ans pour savoir quoi faire du site de Censier. Plateau Urbain a d’abord élaboré une étude de faisabilité pour voir s’il était possible d’y mettre en place un tiers-lieu. En effet, c’est plus avantageux financièrement et plus intéressant que de mettre en place un service de gardiennage. Il y a ensuite eu un appel à projets courant 2022 que Plateau Urbain a remporté pour faire vivre ces 25 000 m2. Au-delà de l’accueil de structures se posait la question de l’accueil du public. Nous nous sommes donc associés avec Yes We Camp pour travailler ce sujet. 

Le lieu n’est pas encore ouvert au public mais vous accueillez déjà des résidents…

Nous avons eu beaucoup de candidatures et les premiers occupants sont arrivés en juillet dernier. Parmi ceux-ci, on trouve cinq corps d’universités, notamment Paris I qui occupe tout un bâtiment mais aussi l’université Paris sciences et lettres (PSL), le Muséum d’histoire naturelle… Ce n’est pas facile de trouver des salles de classe dans Paris intra-muros. Il y a donc environ 1 000 étudiants qui suivent des cours ici. Côté structures, on en compte 180, ce qui représente environ 500 personnes. Dans l’ancienne bibliothèque du campus, nous avons déjà ouvert en interne la cantine. Ce qui est formidable, c’est que la communauté s’anime déjà. Nous avons organisé des projections, des soirées… L’agence Tekhnè va prendre en charge la curation d’une exposition qui regroupe des artistes de Césure. Il y a aussi la création du Moment, un média qui regroupe tous les médias présents sur le site. Derrière les portes, il se passe donc déjà plein de choses !

Le projet de Césure repose sur la transmission de « savoirs inattendus ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Nous sommes situés dans un bâtiment avec un passé – et sans doute un futur – universitaire. Nous avons donc décidé de créer ici une sorte de fac du futur, que nous axons effectivement sur la transmission des savoirs et des savoir-faire mais de façon moins descendante que d’ordinaire. Je pense notamment à cette occupante qui compte apprendre aux gens à prendre des photos avec des appareils du XIXe siècle. Ou à d’autres qui vont enseigner l’art de fabriquer un kimono. En fait, il s’agit de créer l’avenir dans un lieu de l’ancien monde ; un lieu avec des contraintes mais où règne la créativité sous l’influence des occupants. Quand vous vous baladez dans les couloirs, vous vous rendez compte que les salles de classe désuètes sont devenues de beaux bureaux très agréables. Et puis le côté fac contribue à l’ambiance. Cet été, nous avons mis en place une buvette et on s’est rendu compte que plein de projets communs y voyaient le jour. L’architecture des lieux favorise la communication.

La caractéristique des lieux, c’est aussi l’amiante, qui a été l’un des gros enjeux de la fac…

Effectivement, l’amiante est présent comme dans tout bâtiment de cette période. Mais il a été coffré et n’est donc plus dangereux. Évidemment, on ne perce pas de trous dans les murs et on dit aux occupants de ne pas le faire. Par ailleurs, nous suivons un protocole assez strict avec une équipe technique qui est sur le sujet quotidiennement.

Quand prévoyez-vous une ouverture au public et pour quelle programmation ?

La date n’est pas encore définie mais nous tablons sur une ouverture mi-février. Ce ne sera pas un endroit avec de grosses fêtes. Nous misons plus sur des expos, des conférences et des spectacles car nous allons créer un cabaret dans l’ancienne cafétéria. Certaines salles auront un usage pluriel, qu’il s’agisse de sport, de théâtre ou d’expositions. L’idée est de toujours lier la programmation avec les notions de solidarité et d’engagement. N’oublions pas l’immense salle de 1 000 m2 qui nous permettra notamment d’organiser des marchés ou, pourquoi pas, des soirées roller disco. Et le public pourra aussi se rassembler autour de la cantine. En fait, il s’agit de faire en sorte que les pièces soient modulables en fonction des demandes.

Infos pratiques : Césure, 13, rue Santeuil, Paris (5e). Accès : métro Censier-Daubenton (ligne 7). Plus d’infos sur l’ouverture sur césure.paris

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