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2010-2020, retour sur les 10 ans de la friche du 6b à Saint-Denis

Le 6b sera bientôt pérennisé grâce à un rachat du bâtiment et une mise aux normes. © Le 6b
Le 6b a ouvert en 2010 à Saint-Denis dans un ancien immeuble de bureaux / © Le 6b

Depuis son ouverture en 2010 à Saint-Denis dans un ancien immeuble de bureaux, le 6b est devenu l'une des friches de référence dans le Grand Paris. Son fondateur, Julien Beller, revient pour Enlarge your Paris sur cette première décennie.

Le 6b, en quelques mots, qu’est-ce que c’est ?

Julien Beller : C’est un lieu, une association et un bâtiment. Auparavant, il s’agissait d’un immeuble de bureaux aujourd’hui utilisé par des gens qui travaillent de manière mutualisée. La majorité de nos 200 résidents exercent des métiers en lien avec la culture. 50% d’entre eux sont plasticiens, 20% sont photographes, designers ou graphistes et  30% sont des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Le 6b est à la fois un lieu de création et de diffusion. En plus des ateliers, il abrite également une salle d’exposition et organise de nombreux événements qui prennent place dans ses espaces extérieurs. Le tout proche de Paris en Seine-Saint-Denis.

Quelles sont les raisons d’être du 6b ?

En premier lieu, il s’agit de donner accès à des espaces de travail aux artistes et aux acteurs de l’économie sociale et solidaire. En mettant en commun des locaux, cela coûte moins cher. Notre autre raison d’être est d’être au cœur de la construction d’un nouveau quartier à Saint-Denis. Enfin, nous participons à notre manière à la fabrique du Grand Paris en tant qu’équipement à la fois métropolitain et ultra local.

Quelle est votre modèle économique ?

On a mis 2 ans à atteindre notre rythme de croisière, c’est-à-dire à remplir le bâtiment. Notre chiffre d’affaires annuel est stable autour d’un million d’euros. 500.000€ sont issus des loyers des résidents, 250 000€ générés par les événements et la vente de boissons et 250 000€ proviennent des subventions publiques. En termes de dépenses, on ne paie pas de loyer mais on règle les charges liées à l’entretien, le gaz, l’électricité à hauteur de 300 000€. Nous payons une dizaine de salaires pour 400.000€ et les 300.000€ restants nous servent à produire les événements. Depuis notre quatrième année, les subventions ne représentent qu’entre 10 et 22% de notre chiffre d’affaires, ce qui est faible. Évidemment, l’année 2020 s’annonce particulière…

Comment fête-t-on ses 10 ans en 2020 ?

2020 devait être une année de célébration pour nous. Malheureusement, avec le Covid, on a préféré reporter notre programmation à l’année prochaine. Nous organiserons une Fabrique à rêves spéciale, il y aura aussi un livre, Le 6 Book, et très certainement un colloque autour des lieux culturels et des tiers-lieux. Surtout, notre projet le plus important est d’acquérir le bâtiment et de le mettre aux normes. Pour ce faire, nous avons fondé une société coopérative d’intérêt collectif il y a 2 ans. Nous voulons mettre en place un modèle collectif et solidaire pour pérenniser le concept.

La crise sanitaire pourrait-elle remettre en cause ce projet ?

Je ne pense pas. Bien sûr, cela affecte notre planning. Les négociations ont pris du retard, les travaux aussi. Mais nos partenaires immobiliers, qui subissent aussi la situation, continuent de nous suivre.

Quels sont vos autres projets pour la prochaine décennie ?

Nous travaillons sur une programmation autour des Jeux olympiques de 2024 et des olympiades culturelles. Nous allons par exemple développer le 6b Village avec un potager, de nouvelles résidences ainsi que des initiatives qui font du bien à la planète.

Infos pratiques : Le 6b, 6-10 quai de Seine, Saint-Denis (93). Jusqu’au 19 décembre, les artistes du 6b proposent leurs créations au café-galerie Marguerite Charlie, 42 rue de la boulangerie, Saint-Denis (93). Plus d’infos sur le6b.fr

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