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L’histoire du hip-hop de A à Z en passant par NTM à la Philharmonie

Le musée de la Musique à la Philharmonie revient sur 40 ans de hip-hop en France avec l'expo "Hip-hop 360" / ©Marc Terranova
Le Musée de la musique à la Philharmonie revient sur 40 ans de hip-hop en France avec l’expo « Hip-hop 360 » / © Marc Terranova

À partir du 17 décembre et jusqu'au 24 juillet, le Musée de la musique de la Philharmonie de Paris revient sur 40 ans de hip-hop en France avec l'exposition « Hip-hop 360 ». Une histoire qu'a racontée à Enlarge your Paris Jade Bouchemit, directeur adjoint du musée.

Pourquoi une exposition sur l’histoire du hip-hop en France s’imposait-elle maintenant ?

Jade Bouchemit : En fait, nos événements sont programmés très longtemps à l’avance. En l’occurrence, la volonté de monter « Hip-hop 360 » remonte à quatre ans. Cela s’inscrit dans la droite ligne de l’un de nos axes de programmation, à savoir représenter les grands courants musicaux. Par le passé, nous avons ainsi évoqué la musique électronique, la musique jamaïcaine… Avec cette nouvelle exposition, nous voulons montrer comment le hip-hop est arrivé en France, raconter son histoire, sa diversité, ses imaginaires et sa vitalité. Et réaffirmer que c’est un courant culturel bien vivant.

Quelle est la spécificité du hip-hop made in France par rapport à son cousin d’Amérique ?

Il y a d’abord une spécificité vestimentaire. Au départ, on copie le style américain, puis un style hexagonal émerge. On se souvient d’ailleurs encore de Lacoste qui n’assumait pas du tout être devenu une marque emblématique de ce milieu. En termes de danse, alors qu’aux USA l’inspiration vient des danses africaines, en France elle intègre davantage les codes des danses du Maghreb. L’histoire est aussi abordée de façon différente : les rappeurs américains vont s’emparer de la question de l’esclavage, tandis qu’en France c’est l’histoire coloniale qui va davantage mobiliser des artistes comme La Rumeur ou Kerry James. Dans le rap US, le flow va être prééminent ; en France, ce sera plus le texte. Enfin, la ville va être abordée différemment : beaucoup sous l’angle des gangs aux États-Unis, plutôt sous celui de la banlieue en France.

Comment expliquez-vous que la France ait été si réceptive au hip-hop ?

Déjà parce qu’il y arrive très tôt. Quand, en 1984, l’émission de Sydney, H.I.P.H.O.P, débarque sur les écrans, c’est la première émission en Europe voire au monde sur le sujet. Ensuite, il y a eu très rapidement des échanges entre la France et les USA : beaucoup de pionniers du rap français ont fait des séjours aux États-Unis. En 1987, le magasin Ticaret, du côté de la Chapelle, devient le premier magasin dédié à la culture hip-hop. L’émergence des radios libres comme Carbone 14, Radio Grenouille ou Nova vont également accompagner et relayer l’éclosion de ce mouvement. Et puis il y a toute la jeunesse issue de l’immigration qui se reconnaît dans le discours tenu par les rappeurs, ce qui est moins le cas dans d’autres pays européens par exemple.

L’exposition se veut immersive et interactive. C’est-à-dire ?

Elle sera immersive grâce au 360. C’est l’espace central de l’exposition, organisé de façon circulaire. On y trouvera toutes les disciplines du hip-hop. Sur les murs, à 360° donc, on va retransmettre des concerts mythiques, mais aussi de la danse, des sets de DJ, des graffitis, de la beat box. Il s’agit de montrer que les disciplines de la culture hip-hop sont interdépendantes, qu’elles ne peuvent être abordées en mode solo. L’exposition sera aussi immersive car vous pourrez vous essayer au graffiti sur un mur interactif, décomposer des titres de beat makers, ou vous initier au scratch…

Ne risque-t-on pas de sortir de l’exposition un brin nostalgique après avoir passé en revue 40 ans de hip-hop ?

Pas du tout ! Parce que, dans 40 ans de hip-hop français, il y a aussi bien NTM que Jul. L’idée, c’est de montrer la persévérance du mouvement. Pas de se dire : « C’était mieux avant ! » On a voulu mélanger les générations. Que des jeunes qui écoutent du rap aujourd’hui et ne maîtrisent pas forcément NTM les découvrent. Et, à l’inverse, que les plus âgés se penchent sur les nouvelles générations. Il est important que chaque public découvre un pan de cette musique qu’il ne connaît pas forcément.

Infos pratiques : expo « Hip-hop 360 » à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris (19e). Du 17 décembre au 24 juillet. Tarifs : 12 € (plein tarif), 10 € (- 28 ans), 7 € (- 26 ans, demandeurs d’emploi…), gratuit (- 16 ans, personnes en situation de handicap…). Accès : métro Porte de Pantin (ligne 5) / tramway T3b arrêt Porte de Pantin – Parc de la Villette. Infos et réservations sur philharmoniedeparis.fr

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