Culture
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La broderie au service de l’activisme à Montreuil

La réalisatrice Dominique Cabrera accueille dans sa maison de Montreuil une exposition de broderies contemporaines jusqu'au 11 juin / DR
Le centre Tignous à Montreuil accueille une expo sur la broderie contemporaine jusqu’au 29 octobre / DR

Cela s'appelle le « craftivism », c'est-à-dire le fait de mettre l'artisanat au service de l'activisme. Avec son exposition « Broder/Déborder », le centre Tignous de Montreuil met à l'honneur des artistes qui ont fait de la broderie un outil de revendication. À l'occasion du finissage samedi 29 octobre, une journée spéciale est prévue avec visite commentée, concert, et apéro façon auberge espagnole.

Peut-être vous en souvenez-vous. L’an dernier, la cinéaste Dominique Cabrera organisait chez elle à Montreuil (Seine-Saint-Denis) une exposition réunissant dix artistes femmes autour de la broderie. Intitulée « Souvent il arrive que… Broder ! », la manifestation avait connu un joli succès. Rebelote ou plutôt re-pelote cet automne. Co-commissaires de l’exposition, Dominique Cabrera et Aude Cotelli investissent cette fois le centre Tignous d’art contemporain, toujours à Montreuil, avec « Broder/Déborder ». Un bel écrin pour cette exposition qui propose un riche panorama de ce qu’est la broderie contemporaine et offre un exemple éclatant de craftivism : mettre l’artisanat au service de l’activisme. Apprentissage traditionnel – autrefois, les jeunes filles devaient apprendre à « marquer » leur linge –, la broderie devient espace de revendication.

La broderie comme exutoire

Sur des éponges de cuisine, Marine Ballestra brode ainsi des fleurs, et, insolemment, invite la sphère domestique à rencontrer les aspirations artistiques. Anaïs Beaulieu investit aussi le champ du quotidien en brodant des sacs plastique. Quant au gilet de sauvetage qu’elle pare de roses, difficile de ne pas songer à la situation des migrants cherchant à traverser la Méditerranée ou la Manche. Sophie Wahnich a invité des femmes à broder avec elle sur des tissus glanés des phrases se rapportant aux circulations humaines : « L’acte par lequel le faible se soustrait au joug du plus fort est toujours un droit » habille ainsi un fragment de wax, tissu emblématique de l’Afrique subsaharienne.

Avec sa caméra, Dominique Cabrera filme brodeuses et broderies comme pour mieux en capturer à la fois les gestes et les ondoiements des fils. On se perd volontiers dans la forêt aussi belle qu’inquiétante imaginée par Isabel Bisson Mauduit. Au gré de l’exposition, on songe à ce qu’écrit la chercheuse Léonie Lauvaux dans un passionnant article consacré à la broderie contemporaine : « La broderie participe donc à la mise en place d’un discours féminin, sur les femmes. Elle donne la parole aux femmes, écrit l’histoire des femmes, devient un exutoire à des problématiques dites « féminines », tues ou réprimées : la violence sexuelle et l’oppression mais aussi l’amour et le deuil, autant de situations qui jalonnent la vie des femmes. » En contemplant les œuvres exposées à « Broder/Déborder », une chose apparaît clairement : les artistes ne se défilent pas.

Infos pratiques : exposition « Broder/Déborder » au centre Tignous d’art contemporain, 116, rue de Paris, Montreuil (93). Jusqu’au 29 octobre avec un « finissage » à partir de 15 h 30 avec visite commentée, concert et apéro façon auberge espagnole. Gratuit. Accès : métro Robespierre (ligne 9). Plus d’infos sur centretignousdartcontemporain.fr

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