Culture
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Dessine-moi la banlieue en cinq BD

Sorti en 2022, "Faut faire le million" de Gilles Rochier clôt une tétralogie sur les habitants d'une ville du Grand Paris / © Gilles Rochier
Sorti en 2022, « Faut faire le million » de Gilles Rochier clôt une tétralogie sur les habitants d’une ville du Grand Paris / © Gilles Rochier – Éd. Six pieds sous terre

Alors que le Festival international de la BD d’Angoulême se tient jusqu'au 29 janvier, la rédaction d'Enlarge your Paris vous a concocté une sélection de BD qui parlent chacune à leur manière de la banlieue.

Faut faire le million, de Gilles Rochier

En 2018, Gilles Rochier avait vu La Petite Couronne, deuxième volet d’une tétralogie démarrée en 2008 sur les habitants d’une ville du Grand Paris, figurer dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême. L’an dernier, il en a publié le dernier opus, Faut faire le million. Tout au long de ces trois volumes, pas de mièvrerie ni de détours de la part de l’auteur ayant grandi à Montmorency (Val-d’Oise), qui raconte ces grands frères devenus parents et les problématiques qui s’entremêlent. Des sourires mais aussi pas mal de désillusions au fil des pages.

Infos pratiques : Temps mort, 2008, 13 €. Éd. Six pieds sous terre. La Petite Couronne, 2017, 16 €. Éd. Six pieds sous terre. Faut faire le million, 2022, 18 €. Éd. Six pieds sous terre.

La Banlieue du 20 h, de Jérôme Berthaut et Helkavara

Une BD d’utilité publique pour changer notre regard sur le monde qui nous entoure. Tiré d’une enquête sociologique menée par Jérôme Berthaut au sein de la rédaction du JT de France 2, l’album dessiné par Julien Guerri, alias Helkavara, met en scène Jimmy, un jeune journaliste débutant au service faits divers du journal télévisé d’une grande chaîne nationale. Envoyé en banlieue, il y découvre alors comment l’information est parfois fabriquée par la rédaction, entre stéréotypes violents et sujets positifs caricaturaux. Un album qui incite à sortir des cases.

Infos pratiques :  La Banlieue du 20 h, d’Helkavara et Jérôme Berthaut, 12 €. Éd. Casterman. Plus d’infos sur casterman.com

Les Saveurs du béton, de Kei Lam

Parce qu’elle éprouvait un certain ras-le-bol à voir la banlieue caricaturée, l’autrice et illustratrice Kei Lam a choisi de partager sa vision des choses dans Les Saveurs du béton, où elle raconte son enfance à Bagnolet. Un album lauréat du prix de la BD du musée de l’Histoire de l’immigration qui donne la parole à tous les invisibilisés, et notamment pas mal de ces mères qui se battent pour joindre les deux bouts, courent entre les rendez-vous à la préfecture et l’école des enfants. Un regard fin aussi sur le lieu où l’autrice a grandi : « La banlieue, c’est comme la relation avec ses parents finalement : on s’adore ou on se déteste selon les moments »confiait-elle l’an dernier à Enlarge your Paris.

Infos pratiques : Les Saveurs du béton de Kei Lam, 20 €. Éd. Steinkis. Plus d’infos sur steinkis.com

Dans Les saveurs du béton, la dessinatrice Kei Lam raconte son enfance à Bagnolet / © Kei Lam
Dans Les Saveurs du béton, la dessinatrice Kei Lam raconte son enfance à Bagnolet / © Kei Lam

Tendre banlieue, de Tito

Tout est dans le titre : la banlieue, certes, mais avec une bonne dose de bienveillance. C’est le projet qu’a mené Tito du début des années 1980 jusqu’au début des années 2010, une trentaine d’années pendant lesquelles on pouvait croiser Tito et son appareil photo dans les rues de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Le but : croquer de manière la plus réaliste rues, collèges et même visages de ses habitants afin d’en tirer des histoires, elles, bien sorties de son imagination. Ici, pas de héros récurrents mais des adolescents qui se prennent de plein fouet pas mal de questions sociétales, sentimentales et familiales. Le résultat : une série de 20 tomes qui plonge dans le quotidien d’une ville paisible de la petite couronne, histoire, au passage, de chasser quelques clichés tenaces.

Infos pratiques : Tendre banlieue, Tito, 20 tomes parus. Éd. Casterman. Plus d’infos sur casterman.com

Nic Oumouk, de Manu et Patrice Larcenet

Pendant que Manu Larcenet écrivait ses cinq tomes à succès du Retour à la terre (inspiré de son départ de la région parisienne pour la campagne lyonnaise), l’auteur donnait naissance à Nic Oumouk, soit les aventures rocambolesques d’un jeune d’une cité du 93 qui tente de garder le moral entre Edukator, un héros masqué qui chasse les fautes d’orthographe, et Yannick Noah, le big boss des racketteurs qui rêve de faire de lui un super délinquant. Le résultat : un diptyque qui jongle joyeusement avec les clichés pour mieux les démonter, avec l’aide des zygomatiques.

Infos pratiques : Nic Oumouk, de Manu et Patrice Larcenet, Tome 0, La Totale, 19 €. Éd. Dargaud. Plus d’infos sur dargaud.com

Bonus 

Ariol, de Marc Boutavant et Emmanuel Guibert

Quel est le point commun entre un petit âne bleu à grandes lunettes et le Grand Paris ? À peu près aucun, si ce n’est qu’on sait qu’Ariol habite une petite ville tranquille en périphérie d’une grande métropole. Cela nous a suffi pour vous inviter à lire et faire lire les 18 volumes à vos enfants. Sachez d’ailleurs qu’Emmanuel Guibert, l’un des auteurs, fut Grand Prix d’Angoulême, au même titre que Gotlib ou Tardi. Rien que ça ! Last but not least, les aventures d’Ariol, sa famille et ses copains, posent un regard apaisé sur le fait de grandir dans une ville de banlieue. Cela fait du bien, mais surtout, c’est trop bien.

Infos pratiques : Ariol, de Marc Boutavant et Emmanuel Guibert, 18 tomes parus. Éd. Bayard Jeunesse. Plus d’infos sur bd-kids.com

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