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Boomforest fait pousser des mini-forêts urbaines dans le Grand Paris

Plantation d'une mini-forêt le long du boulevard périphérique par l'association Boomforest en décembre 2019 / © Boomforest
Plantation d’une mini-forêt le long du boulevard périphérique par l’association Boomforest en décembre 2019 / © Boomforest

Conscients du besoin de végétation à Paris et dans le Grand Paris, les bénévoles de l'association Boomforest ont décidé depuis 2016 d'y planter des micro-forêts urbaines inspirées de la méthode développée par le botaniste japonais Akira Miyawaki. Les 10 et 11 décembre, c'est sur le campus universitaire de Nanterre qu'ils ont prévu d'effectuer une nouvelle plantation.

Pourquoi vous êtes vous lancé dans les plantations de micro-forêts urbaines ?

Enrico Fusto et Damien Saraceni : Nous avons fondé l’association Boomforest en janvier 2016 afin d’imaginer des micro-forêts plantées de façon participative en appliquant la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki. Restaurer la biodiversité doit être possible en impliquant le plus possible les habitants, et sans investissements importants. Pour créer la première forêt Miyawaki de France, nous sommes passés par le budget participatif de la Ville de Paris. Notre idée était de planter une forêt durable open source près du boulevard périphérique. Après pas mal de recherches et d’essais, les plantations participatives ont commencé en décembre 2019. Cette semaine, les 10 et 11 décembre, nous allons planter une micro-forêt sur le campus universitaire de Nanterre (Hauts-de-Seine).

A quoi cela sert de planter des arbres en ville ?

Il faut faire la distinction entre planter des arbres et recréer des écosystèmes. Dans le premier cas, le but est souvent ornemental, mais cela n’a pas beaucoup de sens. Un arbre, même en ville, n’est pas fait pour être isolé. Dans le cas des écosystèmes que sont les mini-forêts, leur utilité est de renforcer le système vivant global de la ville. Les mini-forêts servent à rendre l’environnement urbain plus propice à une vie saine. Le fait de les connecter entre elles par des couloirs écologiques accélère la restauration de la biodiversité, favorise une diminution de la température locale de quelques degrés, normalise l’humidité et les précipitations et freine les vents violents.

Comment s’effectue une plantation selon la méthode Miyawaki ?

La méthode Miyawaki repose sur la sélection des espèces végétales locales qui sont ensuite plantées de façon dense pour favoriser l’entraide racinaire entre elles. Cela permet une croissance naturelle rapide et vigoureuse. L’idée est de recréer dès la plantation un schéma biologique qui est celui d’une forêt mature et équilibrée. L’ensemble des petits plants devient un écosystème autonome en relativement peu de temps, environs trois ans.

Où avez-vous planté ? Qu’est-ce que cela apporte aux quartiers, aux habitants ?

Nous avons commencé nos plantations le long du boulevard Périphérique, à la Porte de Montreuil et plus récemment à la Porte des Lilas. L’apport pour les habitants, au-delà des bénéfices au niveau du cadre de vie, passe aussi par la création d’un lien de voisinage fort qui naît avec la création de la forêt et qui continue avec son entretien. C’est un moyen de revaloriser des espaces en friche et de permettre aux gens de s’interroger sur leur environnement. Nous avons également fait des expérimentations en milieu rural en Bourgogne et aidé d’autres collectifs à créer des mini-forêts à Hambourg (Allemagne), Niort, Le Havre, ou à préparer leur projets à Lille, Strasbourg, Montpellier…

Quelle est la place des habitants dans votre démarche ?

Les habitants qui manifestent un intérêt pour la création d’une mini-forêt dans leur quartier peuvent s’appuyer sur l’équipe Boomforest pour concevoir leur projet et être accompagnés dans la réalisation. Ils peuvent aussi participer aux créations de mini-forêts menées directement par l’association ainsi que dans l’entretien des sites. Cela permet de faire grandir les compétences de création et d’entretien des forêts participatives.

Que pensez vous du courant actuel de « reforestation », qui consiste à financer la plantation d’arbres pour compenser les émissions carbone des entreprises ?

Nous croyons qu’il faudrait plutôt s’engager sur la réduction des émissions à la source en diminuant la production et en adoptant un style de consommation qui favorise cette diminution. Compenser n’a de sens que si l’on s’engage en même temps dans la réduction, sinon les plantations n’auront pas d’impact. C’est pour ça que nous parions sur la diffusion d’une méthode accessible et facile à développer. Le fait de planter des mini-forêts contribue à la prise de conscience qu’une autre manière de vivre est possible sans perdre ni en bonheur ni en épanouissement.

Infos pratiques : Plus d’infos sur boomforest.org

Entretien réalisé dans le cadre des Rencontres de l’arbre en ville, programme de réflexion, de conférences et d’explorations autour de la place de l’arbre dans l’environnement urbain. Ce programme imaginé par Enlarge your Paris est mené en partenariat avec la Métropole du Grand Paris

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