Culture
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Quand Chris Marker imaginait le confinement des Parisiens en 1962 dans « La jetée »

"La jetée" de Chris Marker / DR
« La jetée » de Chris Marker / DR

En 1962, le réalisateur Chris Marker mettait en scène à travers "La jetée" un Paris anéanti par la Troisième guerre mondiale obligeant les survivants à vivre reclus dans les souterrains de la capitale.

C’est l’un de ces films que l’on dit culte et qui a inspiré en 1995 L’armée des douze singes, remake signé du Monthy Python Terry Gilliam avec Bruce Willis et Brad Pitt. Sorti en 1962, La jetée de Chris Marker est un « photo-roman » de 28 minutes dans lequel des survivants de la Troisième guerre mondiale vivent reclus dans les sous-sols parisiens. Une histoire de confinement qui fait écho à l’actualité, d’autant que dans la version tournée par Gilliam, le monde est sous le coup d’un virus mortel. 

Le futur, un jeu d’enfant

Cobaye de scientifiques qui le font voyager dans le passé et le futur pour chercher du secours, le héros inventé par Marker est profondément marqué par un souvenir d’enfance. Un jour qu’il se promène avec ses parents sur la jetée de l’aéroport d’Orly, un homme est tué sous ses yeux. Une pensée qui l’obsède et dont il finira par comprendre le sens : l’homme qu’il voit mourir n’est autre que lui-même lors de l’un de ses voyages dans le temps. « A l’époque de la sortie du film, Orly était l’incarnation du progrès, souligne Stéphane du Mesnildot, journaliste aux Cahiers du Cinéma. C’était même le site le plus visité de France et Gilbert Bécaud lui avait même consacré une chanson, « Dimanche à Orly ». A l’instar de Greta Thunberg aujourd’hui, ceux qui portent le futur selon Marker ce sont les enfants, qui ont tout compris de la catastrophe à venir et qui peuvent en changer le cours. » Quand on vous dit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants…

Infos pratiques : La jetée est à voir sur lacinetek.com. Il ressortira cette année en DVD et Blu Ray aux éditions Potemkine Films

Et pour mesurer à quelle point la réalité dépasse parfois la fiction, voici trois autres films recommandés par Stéphane du Mesnildot :

Le monde, la chair et le diable, de Ranald MacDougall (1959) :  Un homme sortant d’un éboulement découvre que l’humanité a été éradiquée par un nuage radioactif et erre dans un New-York totalement désert.

Le survivant, de Boris Sagal (1971) : Une guerre bactériologique a dévasté la Terre. Le colonel Neville, qui a pu s’injecter un vaccin à temps, semble être le seul survivant de toute la ville de Los Angeles.

Soleil vert, de Richard Fleischer (1974) :  En 2022, à New York comme dans le reste du monde, la pollution et la surpopulation rendent la vie sur Terre intenable. Seul le Soleil vert, sorte de pastille, parvient à nourrir les humains.

A voir : Le Grand Paris en 40 films