Culture
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La fête, une énergie renouvelable

La fête à la Station - Gare des mines Porte d'Aubervilliers / © La Station - Gare des mines
La fête à la Station – Gare des mines porte d’Aubervilliers / © La Station – Gare des mines

Loin du centre de Paris, des collectifs investissent le patrimoine industriel de la Seine-Saint-Denis pour y renouveler l’esprit de la fête et inventer d’autres façons de vivre ensemble. Ce que vit et observe Arnaud Idelon, cofondateur de la coopérative Ancoats et de la friche du Sample à Bagnolet.

Cette tribune est tirée de la revue en ligne Arpenter dont le 2e numéro est sorti ce mois-ci sous la houlette d’In Seine-Saint-Denis et auquel a contribué Enlarge your Paris

Arnaud Idelon, cofondateur de la coopérative Ancoats et de la friche du Sample à Bagnolet

Il est une période pas si lointaine où Paris était l’un des centres de la fête, comme Berlin ou Amsterdam. C’était le Paris de la French touch, d’un son reconnaissable entre mille, de ses figures de proue et de ses lieux mythiques comme le Rex Club ou le Palace. Plus proche de nous encore, c’est au cœur de Paris qu’a officié huit ans durant l’hyperactive péniche de la Concrète, où se sont illustrées les pointures de la musique électro venues de Détroit, Séoul ou encore Tbilissi.

Mais cela fait longtemps déjà – bien avant que la Concrète ne ferme ses portes en 2019 – que la fête bat son plein au-delà du périphérique. Les attentats de 2015 et le Covid-19, ainsi que l’envie de danser au grand air, loin des clubs, n’ont fait que renforcer une tendance déjà à l’œuvre. C’est maintenant dans les anciennes usines du patrimoine industriel d’Aubervilliers, de Saint-Denis ou de La Courneuve qu’une myriade de collectifs branchent leurs groupes électrogènes pour y déverser une déferlante de son.

Des lieux festifs à vocation sociale

Jusqu’au petit matin, des centaines de fêtards célèbrent ainsi la liberté, en marge du système. Certains collectifs empruntent aux codes de la free party, opérant dans l’illégalité pour offrir des fêtes accessibles à tous. D’autres, plus structurés, surfent sur la vague des warehouses pour concevoir des événements où se produisent des artistes internationaux, à grand renfort de scénographies qui feraient pâlir les meilleurs festivals.

Marketées ou spontanées, ces fêtes redonnent vie aux vestiges industriels de la Seine-Saint-Denis en inventant, le temps d’une nuit, d’autres manières d’être ensemble et en déconstruisant le rapport au genre, à la sexualité, aux origines sociales et à la couleur de peau. Mais il n’est pas question que d’éphémère. Les friches urbaines comme le 6b à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) cultivent une énergie qui ne se matérialise pas seulement au travers de nuits blanches mais également en inventant au jour le jour d’autres possibles. La Station – Gare des Mines, haut lieu de la fête francilienne installé dans un ancien dépôt de charbon de la SNCF porte d’Aubervilliers (18e), sert ainsi également d’accueil de jour pour les personnes en situation d’exil grâce au projet L’Air de Repos, porté par l’association Coucou Crew. Tout un symbole : ou quand les délaissés de la ville deviennent des refuges pour les oubliés de notre société.

Cette tribune est tirée de la revue en ligne Arpenter dont le 2e numéro est sorti ce mois-ci sous la houlette d’In Seine-Saint-Denis

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