Culture
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Close, un spectacle immersif dans les secrets d’une maison close

Close / © Alessando Clemenza
Close / © Alessando Clemenza

Jusqu'au 6 mai, Close vous fait replonger en 1917 dans l'ambiance d'une maison close de Paname. Muni d'un loup pour masquer votre visage, vous êtes invité à déambuler dans le décor au milieu des acteurs. Ce que nous raconte la journaliste Clara Marz du blog Paris derrière.

Dans le sillage des escape games, la pièce de théâtre Close offre une expérience interactive inédite : évoluer dans une maison close du siècle dernier. Un voyage dans le temps romanesque et troublant au milieu des comédiens qui prennent à partie les spectateurs dans un récit captivant :« Paris, 1917. Quand vient le couvre-feu, artistes, révolutionnaires et marginaux se retrouvent au dernier endroit où l’on peut encore faire la fête : le Phénix ». Il ne m’en fallait pas plus pour être émoustillée ! Les maisons closes du début du siècle dernier avec leur déco feutrée m’ont toujours fait diablement fantasmer. Avouez que vous aussi !

Pousser la porte du Phénix pour s’imprégner de cette bulle sulfureuse pendant 1h10 m’a dépaysée autant qu’émue. Mais si vous venez vous rincer l’oeil, restez en 2019 ! Car dans cette parenthèses historique, les comédiens ne sont pas nus. Ce n’est pas un spectacle érotique immersif mais une pièce de théâtre sans scène ni coulisses. Ici vous êtes libre d’aller où bon vous semble pour vous imprégner de l’ambiance : sous les ors du cabaret, dans les chambres traversées de tentures, à l’intérieur du formidable dressing où les filles se changent à la hâte derrière un paravent, se cajolent entre deux représentations ou se crêpent le chignon pour un bijou.

Faille temporelle 

Peu à peu, les spectateurs se prennent au jeu car les décors captivent autant que l’histoire. Ça et là, des flacons de parfum d’un autre âge s’entassent sur la commode avec des poudriers, un fer à cheveux à l’ancienne… Dans cette faille temporelle qu’offre Close, les spectateurs témoins et voyeurs fascinés caressent du bout des doigts les perles brodées sur des robes de velours, effleurent les dentelles des corsets, attrapent la brosse en porcelaine posée négligemment par Petite Chose avant de monter sur scène faire son numéro de chant. Petite chose est un jeune cabotin qui s’habille en femme divine et espiègle. « Dans ce cabaret, ce sont parfois les hommes qui se maquillent, et toujours les femmes commandent », prévient-on en ajoutant qu’ici « la guerre n’existe pas ». Nous sommes alors en pleine Première guerre mondiale. Ces « maisons de rendez-vous » ont été autorisées par le préfet de police Louis Lépine en 1911 et accueillent 40.000 clients par jour selon les sources de la police, soit un quart des hommes parisiens qui auraient des relations avec les prostituées (les 177 maisons de tolérance recensées à Paris fermeront en 1946 suite à la loi Marthe Richard, Ndlr).

Contre le public, tout contre

Alors autant dire qu’on ne boude pas son plaisir au Phénix. Mais la guerre pourtant fait voler en éclat cette formidable insouciance. Le couvre-feu rugit. Les comédiens exhortent les gens à se mettre immédiatement en lieu sûr, loin de la verrière, les pressent, les bousculent. On oublie 2019, pour se laisser gagner par la force de l’instant. D’autant que ce soir, la jeune Blanche se marie avec Vadim. Hélas, rien ne se passera comme prévu. Et les spectateurs deviendront à leur tour acteurs du drame qui scellera l’avenir du Phénix. Quelle aventure ! Etre projeté dans l’intrigue décuple les émotions. Tous les sens sont en éveil dans ces formidables décors où les comédiens interagissent avec le public au fil des rebondissements de l’histoire.

Un conseil : soyez bien attentif à ce que vous voyez sans vous occuper de ce qui se passe dans les autres pièces. Et à la fin, discutez avec d’autres spectateurs pour enrichir votre perception du déroulement de l’histoire. Plus qu’un spectacle, Close esquisse ici l’avenir d’un théâtre immersif joué non plus face au public mais avec le public, ou, comme dirait Guitry, contre le public, tout contre.

Infos pratiques : Close, quelque part à Paris jusqu’au 6 mai. L’adresse vous sera révélée à l’inscription. A partir de 38€. Plus d’infos sur bigdrama.fr

Pour une plongée dans les coulisses du Grand Paris sexy, rendez-vous sur parisderriere.fr

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