Culture
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Viens voir les comédiens

C'est la rentrée dans les théâtres de Paris extra-muros. Et si vous voulez être certains d'avoir des places, il est encore temps de réserver. Voici nos coups de coeur.

La halle Babcock à La Courneuve (93)

7 au 14 septembre : Les frères Karamazov

La saga des Frères Karamazov, écrite par Dostoïevski, va être jouée en 6h15 montre en main par la troupe du metteur en scène berlinois Frank Castorf. Comme les locaux de la MC93 de Bobigny sont encore en travaux, les comédiens (parmi lesquels Jeanne Balibar) vont investir un lieu hors normes, une des halles de la friche industrielle Babcock, une cathédrale de béton et de brique de 15 mètres de hauteur. L’ampleur nécessaire à une pièce fleuve, exaltée et furieuse.

Plus d’infos sur www.festival-automne.com

Les Frères Karamazov / © Thomas Aurin

 

Théâtre des Amandiers à Nanterre (92)

9 au 25 septembre : Ça ira (1), Fin de Louis

Séance de rattrapage pour ceux qui n’ont pas vu il y a quelques mois le dernier spectacle de Joël Pommerat, Ça ira (1), Fin de Louis, consacré à la Révolution française. Une pièce passionnante, basée sur les idées toujours contemporaines de démocratie,  et qui fait surgir le bouillonnement du débat politique jusque dans la salle. Pas de reconstitution historique mais un Roi, une Reine sans nom, des députés (on devine Robespierre dans le personnage d’une députée inflexible) ett les spectateurs totalement happés par l’Histoire en train de se jouer sur scène. Courez-y, il y a encore des places.

Plus d’infos sur www.nanterre-amandiers.com

10 septembre : Ajax, Oedipe, Electre

Pas de costume, pas de décor et des comédiens qui tirent leur rôle au sort : une femme peut jouer un personnage masculin et vice-versa. Après les comédies de Molière traitées ainsi de façon radicale, brute, Gwenaël Morin continue de mettre en scène les grands auteurs de théâtre, les « classiques », en s’appuyant sur les textes et l’énergie incroyable de sa troupe de jeunes acteurs. Ce 10 septembre, dès l’aube et jusqu’à 11 heures, les artistes enchaîneront successivement trois tragédies de Sophocle : Ajax, Œdipe et Electre. On peut les regarder à la file ou n’en voir qu’une seule.  Sur un grand panneau, Gwenaël Morin a inscrit les arbres généalogiques des héros grecs afin de donner quelques repères. Pour le reste, à vous de vous lancer dans cette plongée littéraire vivifiante. Hautement recommandée.

Plus d’infos sur www.nanterre-amandiers.com

Ajax, Oedipe, Electre / DR

 

Nouveau théâtre de Montreuil (93)

19 septembre au 5 octobre : Le jour du grand jour

La troupe circassienne des Dromesko installe sa baraque foraine à Montreuil avec une scène bifrontale, où l’on prend place à droite ou à gauche, et une salle de banquet où l’on boit et mange une gougère à la fin du spectacle. Igor, avec sa casquette enfoncée sur la tête, et sa femme Lili, rousse en robe flamboyante, mènent la danse, des “noces et turlututu funèbres”, le sous-titre de leur pièce qui convoque des mariés oniriques, un vieux couple d’amoureux et de drôles d’oiseaux en liberté.

Plus d’infos sur www.nouveau-theatre-montreuil.com

Le jour du grand jour / © Fanny Gonin

 

T2G à Gennevilliers (92)

23 au 27 septembre : Time’s Journey Through a Room

« Fermez les yeux ». C’est ce que demande une comédienne dans la pièce Time’s Journey Through a Room de l’auteur et metteur en scène japonais Toshiki Okada. Si on lui obéit, on entendra le bruit des ventilateurs, celui de l’eau tombant dans une fontaine, tout un monde sonore qui vit sa vie, autonome. On rouvrira ensuite les yeux sur un décor minimaliste d’appartement et  trois acteurs, dont l’un joue un fantôme, celui de la femme défunte. Le tout après la catastrophe de Fukushima.  Peut-on aimer à nouveau après un tel désastre, après la perte aussi de sa compagne, quelques jours plus tard ? Oui, répond Toshiki Okada.

Plus d’infos sur www.theatre2gennevilliers.com

 

Centre national de la danse à Pantin (93)

24 et 25 septembre : Corbeaux

Danse, transe, performance… Le spectacle Corbeaux, de la chorégraphe Bouchra Ouizguen, met en scène une troupe de femmes marocaines et de la banlieue parisienne, la tête ceinte d’un fichu blanc, qui crient, chantent, rient, hurlent, psalmodient et dansent. Bouleversant.

Plus d’infos sur www.cnd.fr. Le spectacle sera joué également au théâtre Paul-Eluard de Choisy-le-Roi (94) le 6 octobre, au Nouveau théâtre de Montreuil (93) le 8 octobre ainsi qu’au T2G de Gennevilliers (92) les 15 et 16 octobre.

 

L’onde de Vélizy (78)

7 et 8 octobre : Tristesses

Voilà un polar théâtral, un  genre assez rare sur les planches. Une comédie noire, qui a fait sensation à Avignon cet été et qui est ponctuée de musique Live. Tristesses est le nom d’une île où ne restent plus que huit habitants. Leur vie de village est bouleversée par un suicide et le retour d’une fille du pays, chef politique d’un parti d’extrême droite. Cette dernière veut installer des studios de cinéma pour assurer la propagande de son parti sur Tristesses et manipule tout le monde. On rit beaucoup, on rit jaune parfois tant la charge s’avère féroce.

Plus d’infos sur www.londe.fr

 

Théâtre 71 Malakoff

7 au 15 octobre : Blockbuster

Sur un grand écran défile un montage étourdissant d’extraits de films culte américains des années 1980 à aujourd’hui, de Rambo à Kill Bill. Sur la scène, devant le grand écran, les comédiens du remuant collectif Mensuel réalisent en direct les bruitages, font les voix des personnages, avec des dialogues détournés évoquant la société de consommation.

Plus d’infos sur www.theatre71.com

 

Théâtre Gérard-Philippe à Saint-Denis (93)

12 au 16 octobre : Le suicidé

Avoir envie de manger un saucisson de foie en pleine nuit peut déclencher des événements en cascade (jusqu’à vouloir se tuer !). Le Suicidé, pièce de Nikolaï Erdman, a été écrite en 1928 et interdite en Russie jusqu’en 1987. Jean Bellorini l’a montée à Berlin il y a quelques mois avec l’excellente troupe du Berliner Ensemble, le théâtre fondé par Brecht. Le metteur en scène – dont le Karamazov a emballé la critique à Avignon cet été – a injecté dans la trajectoire de ce chômeur russe du burlesque, de la musique et un univers forain.

Plus d’infos sur www.theatregerardphilipe.com

 

Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis / DR

 

Théâtre Jean-Vilar de Suresnes (92)

16 et 18 octobre : Le Monde d’hier

Si vous avez été touchés par la bouleversante Lettre d’une inconnue, ou Le joueur d’échecs de Stefan Zweig, venez à la rencontre de l’écrivain humaniste, de sa voix émouvante venue du passé, celle qui dit “je” dans Le Monde d’hier, souvenirs d’un Européen. Un texte jamais monté au théâtre. Une autobiographie allant de 1895 à 1941 embrassant l’âge d’or de Vienne, puis la terrible montée du nazisme qui poussa l’auteur autrichien en exil et jusqu’au suicide en 1942. Une telle œuvre adaptée au théâtre  constitue un sacré défi qui se trouve être relevé brillamment. Le comédien Jérôme Kircher joue Zweig, tout en finesse et sobriété, seul sur les planches, convoquant Freud, Schnitzler ou Romain Rolland. Une histoire foisonnante, captivante et qui résonne aussi avec notre époque tourmentée.

Plus d’infos sur www.theatre-suresnes.fr

10 et 15 novembre : Anna Karénine

C’est ici l’actrice Golshifteh Farahani qui joue la femme fatale, la femme adultère, l’amoureuse trahie et malheureuse aussi. Et elle est époustouflante, d’une beauté incroyable, et tout simplement émouvante dans son monologue final (où les larmes roulent sur ses joues). On songe à Adjani à ses débuts sur scène. Une Adjani avec un accent iranien qui ne gêne en rien la compréhension du texte. Le reste de la troupe se défend bien, notamment Emeline Bayart dans le rôle de la mère de famille excédée et franchement drôle.

Plus d’infos sur www.theatre-suresnes.fr