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L’éclosion des fleurs artificielles sur les devantures des cafés dénoncée

Une devanture décorée de fleurs artificielles dans 6e arrondissement de Paris / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

Le 9 février dernier, au Conseil de Paris, un vœu demandant la rédaction d'une charte sur les façades décorées de fleurs artificielles a été adopté à l'unanimité. Retour sur un phénomène florissant dans la capitale.

Elles font la joie des touristes, visiblement moins des élus. Les fleurs artificielles qui ornent de plus en plus les façades des cafés de la capitale sont dans le collimateur du Conseil de Paris. Ouverture des hostilités : le 9 février dernier. La séance a en effet donné lieu au dépôt d’un vœu du groupe Paris en Commun, porté par le conseiller Boris Jamet-Fournier. Après avoir rappelé que 2019 avait été l’année des trottinettes, il a exprimé le sentiment que 2023 était celle de « l’éclosion des fleurs en plastique sur nos cafés, restaurants et bistrots ».

Cette impression est corroborée par l’étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) portant sur les commerces à Paris en 2023. Dans cette étude (p. 56-57, pour les petits curieux), les auteurs datent même à « une demi-douzaine d’années » le phénomène des façades fleuries. Et de souligner que « la tendance a connu un coup de fouet lors de la fin des confinements (…) et avec le retour des touristes à Paris ». Selon les chiffres de l’étude, en avril dernier, 325 commerces de la capitale avaient choisi de décorer de la sorte leurs devantures. Paris-Centre est fortement représenté avec 111 enseignes concernées, suivi du 11e arrondissement (41 commerces) et le 14e (31 enseignes). Il s’agit essentiellement de bars et de restaurants (68 % des 325 commerces listés), mais également de magasins spécialisés dans l’équipement de la personne (6 %) et… de fleuristes (4 %) !

Au nom de la rose (en plastique)

Si les propriétaires de ces établissements se réjouissent de voir leur chiffre d’affaires gonfler grâce à ces ornements hautement « instagramables », Boris Jamet-Fournier douche cet enthousiasme dans son allocution. L’élu relève tout d’abord des questions de sécurité, en raison de l’inflammabilité de ces fleurs. Il met aussi l’accent sur les changements esthétiques des rues parisiennes que cette tendance induit, « ce que les conseils de quartier nous font remonter ». Se posent enfin des questions d’hygiène, d’entretien et d’écologie. Il demande donc une « charte de la ville pour inciter les commerçants à retirer ces décorations en plastique ».

Côté exécutif, Nicolas Bonnet-Oulaldj, élu chargé du commerce, a fait part de son avis favorable. « La Ville de Paris est engagée dans le zéro plastique, il est donc navrant de retrouver du plastique sur nos façades », a-t-il déploré. Avant de souligner que la direction de l’urbanisme allait se pencher « de très près » sur ce sujet épineux. Le vœu a été adopté à l’unanimité du Conseil de Paris. Le début d’une nouvelle guerre des Deux-Roses ? Ou, tout du moins, une remise en cause du flower power sauce plastique…

Infos pratiques : l’étude de l’APUR sur les commerces à Paris en 2023 est à lire sur apur.org

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