Culture
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Mémoire dansée des 800 derniers jours

Depuis le 14 janvier 2015, en réaction aux attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, la performeuse Nadia Vadori-Gauthier met en ligne chaque jour une minute dansée. Pour marquer sa 800ème danse, elle organise une performance collective les 30 et 31 mars du côté de Belleville.

Le 23 mars vous avez réalisé votre 800ème “minute de danse par jour”. Pouvez-vous résumer votre démarche ?

Nadia Vadori-Gauthier : C’est un acte de résistance poétique que j’ai commencé le 14 janvier 2015 suite au choc des attentats qui ont touché Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. C’est une réponse en acte, spontanée, avec mon moyen d’expression le plus immédiat : la danse. Je voulais oeuvrer à ma façon face à cette question : comment rester en vie ensemble et trouver d’autres modes d’action que ceux qui tendent à nous diviser ? Je partage une vidéo d’une minute chaque jour réalisée spontanément là où je me trouve. Je cherche à amener la danse dans les interstices de la vie quotidienne, à insérer de la poésie là où on ne la voit plus, là où on ne l’attend pas. Je me plais à inviter, souvent à l’improviste, des gens à partager cette minute avec moi. Dans d’autres cas, j’ai envie de m’entourer d’autres danseurs professionnels ou d’amis. Il n’y a pas de règle, chaque contexte est différent. C’est une minute qui me prend des heures par jour ! Aujourd’hui, je bénéficie du soutien de Paris Réseau Danse. Mais j’ignore jusqu’à quand je vais tenir. Je me suis donné une date au-delà  de laquelle je ne continuerai pas ce projet : mi-octobre 2017. Cela fera alors mille et un jours. D’ici là, tout le monde est invité à exécuter sa propre minute de danse, dans son environnement, et à la poster sur ma page Facebook. Danser, dans ce contexte si particulier, c’est initier un rapport micro-politique de proximité à l’environnement.

Lors de deux soirées à Belleville les 30 et 31 mars, vous allez reconstituer, toujours par la danse, une mémoire collective de ces deux ans et demi…

Je souhaite proposer à tous ceux qui le souhaitent  de revenir sur ces deux ans et demi par le biais d’une rétrospective conçue de façon collective. Le spectateur vient avec une date personnellement marquante pour lui et j’exécute alors une danse improvisée à partir de mon propre souvenir de cette journée. La personne peut, selon son envie, expliquer en quoi cette date est importante pour elle, et ainsi influencer mes mouvements. Une fois notre mémoire dansée accomplie, on projettera la danse réalisée ce jour-là. Ainsi nous rejouerons une mémoire reconstituée à travers les instants de vie de chacun.

Infos pratiques : “Mémoires partagées des 800 derniers jours”, les 30 et 31 mars à 19h30. Studio Le Regard du cygne, 210 rue de Belleville, Paris 20ème. Tarifs : 1 spectacle 10€-13€, 2 spectacles 15€-20€. Réservations sur www.leregarducygne.com