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Fraude dans les transports : qui ne saute pas n’est pas francilien

D'après la Cour des comptes, les Franciliens seraient les champions du saut de portique dans les transports en commun. Ce qui coûte 360 millions d'euros par an à la RATP et la SNCF.

Jacques Chirac dans le métro / DR

Le développement de la fraude dans les transports franciliens connaît un développement préoccupant. Tel est le constat de la Cour des comptes dans son rapport annuel publié ce 10 février. Un phénomène qui touche particulièrement le réseau des bus et des tramways, passé d’environ 9 % de fraude en 2009 à près de 14 % en 2014 (13,8 % pour le bus, 14,2 % pour le tram).  La fraude sur le réseau ferré (métro, RER et Transilien) oscille quant à elle entre 2,5 et 4%. Pour la RATP et la SNCF, la note s’avère salée et s’élevait en 2013 à 366 millions d’euros. 

 

Fraude dans les transports franciliens / © Cour des comptes

Des taux de fraude très élevés la nuit et le week-end

Si les voyageurs effectuant des trajets domicile-travail sont quasi-irréprochables, on observe un net accroissement de la fraude au-delà de 19h puis tout au long de la nuit. Ainsi, on comptabilise près de 27 % de fraudeurs sur les lignes de bus Noctilien. Un taux encore plus élevé le week-end et les jours fériés.

D’après la Cour des comptes, les taux de fraude franciliens seraient nettement plus élevés que ceux des autres réseaux étrangers. Elle cite pour cela une étude internationale portant sur des données de 2008-2009 et qui relevait un taux de fraude moyen de 3,1 %. Proche de 9%, le taux parisien était le plus élevé de l’échantillon alors qu’il n’était que de 1 % à Londres, de 1,9 % à Bruxelles et de 2,18 % à New York. Même constat pour le métro parisien, dont le taux se situait entre 3 % et 5 % alors qu’il n’était que de 1,5 % à New York Hong Kong et Londres et de 1,1 % à Rome.

La fraude malgré des prix bas

Paradoxe relévé par la Cour, le réseau de transports francilien affiche des taux de fraude conséquents alors qu’il propose des tarifs parmi les plus bas. Le prix du ticket vendu à l’unité est de 1,80 € alors qu’il s’établit à 2,10 € à Bruxelles, 2,70 € à Berlin, 2,80 € à Genève et 3 € à Londres. Idem pour l’abonnement mensuel, de 70 € en Île-de-France et qui atteint jusqu’à 158 € sur le réseau central londonien. 

Les précos anti-fraude

Pour lutter contre la fraude, la Cour recommande entre autres aux acteurs du transport en Île-de-France de mettre en place une stratégie de communication dissuasive, de concentrer les moyens de contrôle sur les zones les plus vulnérables, d’assurer un suivi systématique des fraudeurs récidivistes et d’accroître les dépôts de plainte contre les fraudeurs d’habitude. Elle demande en outre à l’État d’ « apporter les réponses juridiques permettant de lever les obstacles au recueil d’identités et d’adresses fiables lors des verbalisations ». A l’heure actuelle, « confronté à un fraudeur récalcitrant ou se déclarant dans l’impossibilité de justifier de son identité, le contrôleur ne peut qu’en aviser « immédiatement » un officier de police judiciaire (OPJ), qui peut donner l’ordre « sans délai » de lui amener le contrevenant pour vérification d’identité ou de retenir ce dernier. En pratique, cet ordre n’est quasiment jamais donné », précise la Cour.  

De son côté, Valérie Pécresse, présidente de la Région et qui a fait de la fraude dans les transports l’une de ses priorités, a détaillé dans une interview au Parisien les mesures qu’elle entend mettre en oeuvre. Elle a notamment indiqué que des agents de sécurité supplémentaires – 100 pour le métro et 240 pour le réseau SNCF – seraient déployés avant la fin 2017. Par ailleurs, elle a affirmé qu’elle aiderait au financement de caméras numériques dans les trains, le métro et les bus. Ce type d’équipement permet une reconnaissance visuelle, le signalement des mouvements suspects ainsi que la géolocalisation des infractions. Enfin, elle a appelé à des sanctions plus fortes.